Près de 200 pays réunis à Montréal ont abouti à un accord, le 19 décembre, dans le cadre de la COP 15 sur la biodiversité. Parmi les élus locaux présents sur place, Christine Juste (EELV), adjointe au maire de Marseille, en charge de l’environnement et de la biodiversité, nous livre son analyse.

A quel titre étiez-vous présente à la COP 15 ?

Marseille faisait partie des rares villes françaises, avec Paris, à être sur place. Pas étonnant, puisque nous avons accueilli en septembre 2021 le congrès mondial de la nature de l’UICN, où a été signé « l’appel de Marseille : aidons la nature à nous aider ! ». La ville était conviée à la COP 15 en tant que membre de l’ICLEI (International council for local environnemental Inititiatives). Fondé en 1990, ce conseil international pour les initiatives écologiques locales regroupe 2 500 acteurs locaux (villes, communes, etc.) répartis dans 125 pays. Son objectif est d’aider les villes et les régions à anticiper et à répondre aux défis du changement climatique à la dégradation des écosystèmes. Nous étions présents à Montréal pour porter la voix des communes.

Quel constat dressez-vous et que faut-il en retenir ?

Le grand chiffre à retenir est le 30/30 : il s’agit d’atteindre l’objectif de protection de 30 % des terres et des océans en 2030. Mais il faut arrêter de dire que cet accord est historique. C’est le minimum syndical, nos enfants jugeront du résultat en 2050. Le financement dédié à la biodiversité n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu. L’accord porte sur 20 milliards par an, puis 30 milliards en 2025. Rien n’est acté pour l’instant, tout est à faire. Quelles seront les zones protégées ? Comment seront-elles protégées ? Les aires marines actuellement protégées par la France, ne le sont pas du tout, tout y est permis, il n’y a aucun moyen de contrôle.

Quelle était la place des collectivités locales dans ce congrès ?

Nous avons constaté que les collectivités locales étaient très nombreuses à y participer. Elles s’engagent fortement face à l’inaction des Etats. C’est par exemple le cas de la Californie ou de la ville de Mexico.

A l’occasion de cette COP 15, le réseau mondial ICLEI a lancé une nouvelle plateforme internet à destination des collectivités : Son but est de favoriser les échanges entre les communes. Marseille y a adhéré.

La ville, ainsi que le président des Ecomaires, ont également signé « l’appel de Montréal », lancé par cette même ville, qui « invite à la poursuite continue et accélérée de la réflexion sur les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité lors de futures COP, biodiversité et climat confondues. »

Quelles seront les conséquences pratiques de cette COP 15 ?

Il faut que les collectivités locales s’emparent de cet objectif fixé du 30/30, en arrêtant par exemple de construire sur des terres agricoles. Mais il faut aussi que l’Etat nous aide, en relevant notamment le plafond des agences de l’eau qui financent nos actions. Car les communes n’ont pas les budgets nécessaires.

A Marseille, pratiquement, nous allons dénombrer nos espaces naturels pour les préserver au mieux. Comment faire pour sanctuariser une trame verte et bleue, pour renaturer un cours d’eau ? C’est compliqué, car les PLU par exemple ne sont pas du tout fait pour sauver la nature, mais pour construire.

La COP 15 montre que les solutions sont aussi au niveau local