Par SudOuest.fr avec AFP
Une révolution énergétique ? Les États-Unis annoncent une percée historique dans la fusion nucléaire
Des chercheurs américains ont réussi à produire plus d’énergie par la fusion nucléaire que celle qui a été nécessaire pour la provoquer. Une avancée majeure, mais qui devrait prendre des décennies avant d’être viable à l’échelle industrielle et commerciale
Les États-Unis ont annoncé mardi 13 décembre une percée scientifique historique dans le domaine de la fusion nucléaire, qui pourrait d’ici quelques décennies révolutionner la production d’énergie sur Terre en fournissant une énergie propre en abondance.
Les avantages de la fusion sont nombreux : elle ne génère pas de CO2, moins de déchets radioactifs, et ne présente pas de risque d’accidents nucléaires. Le point sur son fonctionnement
Depuis des dizaines d’années, des chercheurs du monde entier tentent de développer la fusion nucléaire qui, selon ses défenseurs, pourrait permettre à l’humanité de rompre sa dépendance aux énergies fossiles, responsables du réchauffement climatique.
Une expérience réalisée la semaine dernière « a produit davantage d’énergie à partir de la fusion que l’énergie des lasers utilisée » pour provoquer la réaction, a expliqué dans un communiqué le Laboratoire national Lawrence Livermore (LLNL), situé en Californie et qui dépend du ministère américain de l’Energie.
Cette réussite se retrouvera « dans les livres d’Histoire », a déclaré lors d’une conférence de presse la ministre de l’Energie, Jennifer Granholm.
Immense quantité d’énergie
Actuellement, les centrales nucléaires utilisent la fission, qui fonctionne en scindant le noyau d’un atome lourd, libérant ainsi de l’énergie. La fusion nucléaire, au contraire, provoque la fusion de deux noyaux légers, pour en former un plus lourd.
Cette réaction est celle qui alimente les étoiles, dont notre Soleil. Grâce aux conditions de chaleur et de pression extrêmes qui y règnent, les atomes d’hydrogène fusionnent pour former de l’hélium, produisant au passage une immense quantité d’énergie.
Sur Terre, ce processus peut être obtenu à l’aide de lasers ultra-puissants.
Au National Ignition Facility (NIF), qui dépend du laboratoire californien, pas moins de 192 lasers sont pointés vers une cible aussi petite qu’un dé à coudre, où sont placés les atomes légers d’hydrogène à fusionner. Les scientifiques ont ainsi produit environ 3,15 mégajoules d’énergie, en délivrant à l’origine 2,05 mégajoules via les lasers. Un tel résultat fournit enfin la preuve d’un principe physique imaginé il y a des décennies.
Encore des décennies
La fusion présente de nombreux avantages par rapport à la fission : elle ne comporte aucun risque d’accident nucléaire et produit moins de déchets radioactifs. Surtout, par rapport aux centrales à charbon ou à gaz, elle ne génère aucun gaz à effet de serre. Le chemin reste toutefois long avant que cette solution ne soit viable à l’échelle industrielle et commerciale.
Probablement « des décennies », a déclaré mardi Kim Budil, la directrice du Laboratoire national Lawrence Livermore. Les défis sont technologiques, l’expérience devant notamment pouvoir être répétée de multiples fois par minute, a-t-elle expliqué.
Or, pour limiter le réchauffement climatique, il est absolument nécessaire de réduire dès aujourd’hui au maximum les émissions de gaz à effet de serre, martèlent tous les experts du climat.
D’autres projets de fusion nucléaire sont en développement, notamment le projet international ITER, actuellement en construction en France. Au lieu de lasers, la technique dite de confinement magnétique sera utilisée : les atomes d’hydrogène seront chauffés dans un immense réacteur, où ils seront confinés à l’aide du champ magnétique d’aimants.