Le Monde du 1er avril
Le candidat du PS à la dernière présidentielle a affiché son soutien au candidat vert Nicolas Thierry plutôt qu’au sortant socialiste et pousse pour une candidature commune en 2022.
Il était attendu à Bordeaux jeudi 1er avril, mais la situation sanitaire a eu raison de son déplacement. Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste (PS) à la présidentielle 2017 et fondateur du parti Génération∙s, devait rencontrer le candidat écologiste aux élections régionales Nicolas Thierry. Il a tenu à être présent en visioconférence pour apporter officiellement son soutien au candidat écologiste. « Je soutiens Nicolas Thierry et je le dis comme homme de gauche, socialiste par conviction, tradition, philosophie, et parce que je crois qu’aujourd’hui il faut être bilingue social et écolo, et Nicolas Thierry l’est », a-t-il expliqué.
Profitant de l’occasion, Benoît Hamon n’a pas caché un rapprochement qui pourrait s’opérer en vue de la présidentielle de 2022. « Je souhaite qu’il n’y ait, si possible, qu’un seul ou qu’une seule candidate de l’écologie et de la gauche à l’élection présidentielle. Je préférerais que la surprise en 2022 soit un ou une candidate de l’écologie et de la gauche plutôt que Marine Le Pen qui batte Macron au second tour », a-t-il développé. Si le conseiller régional d’Ile-de-France a choisi de soutenir Nicolas Thierry et non Alain Rousset (PS), c’est, se défend-il, parce qu’il a « opéré dans [sa] trajectoire intellectuelle et politique une évolution quand [il a] pleinement intégré, à [son] engagement d’homme de gauche, la question écologique » : « Je crois qu’on ne peut pas verdir un bon vieux programme productiviste pour faire croire qu’on a compris ce qu’il se passait », a-t-il ironisé.
La droite partira seule
Avant cette échéance de 2022, les régionales sont une étape décisive, même si leur tenue reste suspendue à la situation sanitaire. Dans la plus vaste région de France, à trois mois des élections – les 13 et 20 juin –, l’issue du scrutin reste encore une interrogation de taille. Pour l’heure, presque tous les candidats ont déposé leurs candidatures : l’ancien maire de Bordeaux Nicolas Florian pour Les Républicains (LR), Edwige Diaz pour le Rassemblement national, Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, pour le MoDem, Clémence Guetté pour la liste « On est là ! » qui allie La France insoumise et le Nouveau Parti anticapitaliste de Philippe Poutou et, enfin, Nicolas Thierry pour les écologistes, allié à Génération∙s.
Cette fois-ci, la droite partira seule derrière Nicolas Florian, tandis qu’en 2015 elle s’était alliée à l’UDI et au MoDem derrière la candidate LR Virginie Calmels, ancienne adjointe d’Alain Juppé. Il y a six ans, l’élection avait été à nouveau remportée par Alain Rousset, président depuis 1998, allié pour le second tour à Europe Ecologie-Les Verts. Mais au cours de ce mandat, les relations entre le président socialiste et les écologistes se sont dégradées, laissant planer le doute sur une potentielle alliance pour le second tour de ces régionales. En attendant, celui qui est à la tête de la région depuis vingt-trois ans n’a pas encore déclaré sa candidature, même si celle-ci ne laisse presque aucun doute. A l’issue de sa conférence de presse, Nicolas Thierry a, par ailleurs, tenu à demander « solennellement à Alain Rousset, dont tout le monde sait qu’il est candidat à sa réélection, de ne pas jouer sur l’ambiguïté et de ne pas mélanger les casquettes de candidat et de président. »
Claire Mayer(Bordeaux, correspondante)