Le candidat écologiste a choisi de s’entourer de ses principaux concurrents à la primaire : Sandrine Rousseau est nommée présidente du conseil politique chargé de la stratégie ; Delphine Batho et Eric Piolle deviennent conseillers spéciaux.
LE MONDE : Yannick Jadot, investi, le 28 septembre, candidat écologiste à l’élection présidentielle de 2022, a pris tout son temps pour bâtir son équipe de campagne, laquelle sera dirigée par le député européen Mounir Satouri. « Pour construire cette équipe, je suis parti d’une promesse de Yannick Jadot : il a toujours voulu rassembler sa famille politique », explique M. Satouri, qui pilotait déjà la campagne de M. Jadot lors de la primaire écologiste. « Quand j’ai suggéré de placer Sandrine Rousseau [finaliste de la primaire] au cœur de la campagne, cela participe de cette promesse. On a essayé de mettre les bonnes personnes au bon endroit. Cela n’a pas grand-chose à voir avec des négociations de congrès ou d’arbitrage de rapports de force à l’aide d’une calculatrice. On a confiance en tout le monde. »
Cependant, le candidat écologiste a tenu à respecter tous les équilibres politiques au sein du parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV), très impliqué dans la campagne présidentielle. Sandrine Rousseau, qui avait tergiversé après sa défaite pour exprimer un soutien sans ambiguïté à Yannick Jadot, devient ainsi présidente d’un vaste conseil politique chargé de la stratégie de la campagne, au sein duquel les autres candidats battus à la primaire – Delphine Batho, présidente de Génération Ecologie et députée des Deux-Sèvres, ainsi qu’Eric Piolle, maire de Grenoble – seront des conseillers spéciaux.
Yannick Jadot a également souhaité afficher une équipe fortement féminisée. Marie Toussaint, députée européenne et à l’origine de la pétition « L’affaire du siècle », qui visait à poursuivre l’Etat français en justice pour son inaction en matière de lutte contre le réchauffement climatique, est nommée conseillère politique. Tout comme Karima Delli, présidente de la commission transports au Parlement européen.
Gouvernance citoyenne
Eva Sas, membre du bureau exécutif d’EELV, sera « conseillère aux 100 jours ». A ce titre, elle devra traduire le projet présidentiel en arsenal législatif et réglementaire prêt à être mis en œuvre durant les premières semaines qui suivraient l’arrivée de Yannick Jadot à l’Elysée. Un poste-clé, car Yannick Jadot sera très attendu sur la concrétisation et la faisabilité de ses propositions.
Sans surprise, Matthieu Orphelin, député de Maine-et-Loire et ex-membre de La République en marche, hérite de la coordination des sept porte-parole du candidat, dont font partie Mélissa Camara, proche de Sandrine Rousseau, et Marine Tondelier, soutien d’Eric Piolle. Ce porte-parolat compte quatre femmes et trois hommes. Une gouvernance citoyenne a également été imaginée, comme lieu d’arbitrage politique. Elle sera constituée d’électeurs écologistes tirés au sort, et codirigée par William Aucant, membre de l’ancienne convention citoyenne pour le climat voulue en 2019 par Emmanuel Macron.
François Gemenne, chercheur en sciences politiques et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, constitue l’une des « prises de guerre » de cette équipe de campagne, en prenant la présidence du conseil de la démocratie scientifique. Au même titre que François Lamy, qui vient de quitter le Parti socialiste après plus de trente ans de fidélité, pour être nommé conseiller politique du candidat Yannick Jadot.
Laurent Telo