L’engagement direct du peuple dans la décision publique peut redonner du souffle au système représentatif. Mais l’instauration du « citoyen-législateur » remet en cause deux cents ans de théories politiques.
(…) Peut-on associer durablement la délibération citoyenne au travail parlementaire ? Cette idée semble moins utopique depuis que des expériences d’assemblées permanentes ont commencé à voir le jour. Pour la première fois, en Belgique, au sein du Parlement germanophone, un conseil permanent de citoyens tirés au sort pour dix-huit mois siège aux côtés de la chambre des élus, avec un pouvoir réel d’initiatives et l’obligation pour le gouvernement de motiver sa décision s’il ne suit pas ses recommandations.
À l’évidence, la participation citoyenne ne s’improvise pas et impose un cadre collectivement défini au préalable, au risque, sinon, de se voir détournée ou ignorée et de décevoir encore plus. « L’institutionnalisation des dispositifs ainsi qu’une articulation fine, au cas par cas et pensée en amont avec les institutions en place, sont indispensables pour encadrer ces nouveaux outils, et éviter le risque d’instrumentalisation par le pouvoir politique, notamment pour contourner les institutions parlementaires », assure Claudia Chwalisz, analyste à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a publié, en décembre, un rapport présentant « huit modèles d’institutionnalisation de la délibération publique représentative » afin de renforcer la démocratie.