Depuis septembre 2019, les citoyens ont fait leur entrée officielle au Parlement belge germanophone. Environ deux fois par an, une convention réunit cinquante habitants de la Communauté germanophone de cette région située à l’est de la Belgique, plus petite entité fédérale d’Europe, qui détient les mêmes pouvoirs que la Catalogne ou l’Ecosse. Sélectionnés par tirage au sort, ils sont chargés de réfléchir collectivement à des propositions autour d’un sujet qui soulève des enjeux éthiques ou de long terme. L’originalité du dispositif est que la thématique est choisie, non par des élus, mais par d’autres citoyens – eux-mêmes tirés au sort et renouvelés tous les dix-huit mois – qui siègent au sein d’un comité permanent aux côtés des élus.
Dotés d’un pouvoir d’initiative, ce sont eux qui déterminent les sujets sur lesquels ils souhaitent convoquer des conventions citoyennes. Ils en assurent aussi le suivi auprès des commissions parlementaires et des ministres concernés. Le gouvernement dispose d’une année pour appliquer les recommandationsou, dans le cas contraire, doit motiver sa décision.Une mécanique sophistiquée et longuement mûrie avec des politiques et des experts, alors que la Belgique souffre, comme nombre de démocraties libérales, d’une crise de la représentation. La première thématique choisie a porté sur l’amélioration des soins dans les maisons de retraite, « un sujet prophétique six mois avant la pandémie de Covid-19, et que n’avaient pas soulevé les élus », note l’essayiste belge David Van Reybrouck, engagé en faveur de la participation citoyenne.
La Communauté francophone de Belgique expérimente, de son côté, des commissions permanentes composées de 45 citoyens tirés au sort et de 15 élus qui délibèrent ensemble. A charge pour les élus qui y participent de présenter ensuite les recommandations à leurs collègues du Parlement.
LE MONDE du 24 février