Par Gwenaël Badets – g.badets@sudouest.fr
Publié le 27/09/2022 à 17h47
La préfecture de la Gironde et Bordeaux Métropole présentaient ce mardi une série de mesures censées « améliorer la mobilité » sur la rocade à court et moyen termes
À la rentrée 2021, les bouchons faisaient leur retour en force à Bordeaux, après une accalmie forcée due au Covid. C’était aussi le moment où la Métropole de Bordeaux se dotait d’un plan de mobilités. Difficile de faire l’impasse sur la rocade, un équipement qui appartient à l’État mais cristallise tous les enjeux des déplacements dans l’agglo. Il y a un an, un groupe de travail était donc constitué. À l’issue de mois de remue-méninges associant la Métropole et les services de l’État, une série de mesures étaient présentées ce mardi 27 septembre à la préfecture de la Gironde. Objectif : apporter du mieux à court et moyen termes.
Circulation : Bordeaux Métropole est en train de former un groupe de travail spécial rocadeRéclamé par les élus LREM, ce groupe va être mis en place par la majorité PS/EELV, avec des représentants de toutes les familles politiques
1 Poids lourds : interdiction de doubler
Les poids lourds, et notamment les « camions étrangers », sont la bête noire des usagers de la rocade. En chiffres, ils représentent 15 % du trafic dans sa partie est et 8 % à l’ouest, rappelle Christophe Noël du Payrat, secrétaire général de la préfecture. Ils avaient déjà l’interdiction d’effectuer des dépassements en certains points de la rocade : le pont d’Aquitaine, le pont François-Mitterrand et la descente de Bouliac.
Dès janvier 2023, cette expérimentation sera élargie à toute la partie ouest et nord de la rocade, entre les échangeurs 1 et 15. C’est-à-dire la partie la moins embouteillée. « On aurait voulu le faire sur toute la rocade, mais dans les portions connectées à l’A 63, l’A 62 et la route de Libourne, il serait devenu impossible de s’insérer dans le ‘‘mur de camions’’ de la file de droite », justifie le secrétaire général. Tous les véhicules de plus de 3,5 tonnes sont concernés. L’expérience est prévue pour durer un an.SUR LE MÊME SUJET
2 Des bus sur la bande d’arrêt d’urgence
« Aujourd’hui, ce qui dissuade les gens d’emprunter les transports en commun, c’est leur absence de régularité », diagnostique le représentant de l’État. Le problème se pose moins si autocars et autobus bénéficient d’une voie dédiée. « Avec l’achèvement de la mise à 2 × 3 voies, il devient possible d’expérimenter leur circulation sur la bande d’arrêt d’urgence (BAU) sur une large section de la rocade, entre les échangeurs 4a (stade Matmut) et 19 (autoroute A 62 vers Toulouse). »
Les aménagements nécessaires représentent deux ans de travaux et 20 millions d’euros. Les véhicules concernés pourront y circuler à 70 km/h, qu’il s’agisse de bus du réseau TBM ou de cars express. « On peut par exemple penser à la liaison Blaye-Bordeaux via l’A 10 », illustre Clément Rossignol Puech, vice-président EELV de la Métropole en charge de mobilités.
3 Une voie d’autoroute réservée au covoiturage
Pour l’instant, il n’est pas question de laisser les covoitureurs circuler sur la BAU de la rocade. Ils pourraient toutefois rapidement bénéficier de leur propre voie de circulation sur l’A 62 et l’A 10. Sur ce dernier axe, aujourd’hui, on compte en moyenne 1,1 passager par véhicule, selon la préfecture. Réserver la file de gauche aux véhicules transportant au moins deux personnes est envisagé pour améliorer cette moyenne.
Dans le cas de l’A 62, une étude de faisabilité est en cours entre La Brède et la rocade. Il faudra de trois à cinq ans avant une mise en œuvre effective. Pour l’A 10, il est demandé à Vinci d’investir lui-même dans les équipements nécessaires dans le cadre de la concession. « Il faut que cette mesure s’applique uniquement aux heures de pointe, adossée à une signalétique dynamique si ça coince, plaide Alain Anziani, le président de la Métropole. À Genève, Grenoble ou Lyon, on a vu que ça marche. »
4 Péage modulé pour les camions sur l’A 63…
Comment dissuader les camions d’emprunter la rocade aux heures de pointe, et les inciter à l’emprunter à d’autres moments ? En parlant au porte-monnaie des transporteurs. La solution serait de « moduler » le péage des poids lourds venant de l’A 63. Aux heures de pointe il augmenterait, en heures « creuses » il baisserait. Et en moyenne, il resterait le même. « La réglementation européenne ne nous permet que des variations de 30 % », détaille Thomas Cazenave (Renaissance), qui copréside le groupe de travail rocade avec Claude Mellier (PCF).SUR LE MÊME SUJET
Alain Anziani compte passer par une phase de discussion. « Ce n’est pas quelque chose que nous pourrons imposer aux transporteurs et aux entrepreneurs sans concertation. » Mais il compte démarrer dès le début de l’année « et pas à la Saint-Glinglin ». Cette mesure expérimentale aura une durée de deux ans.
5… mais pas de « stockage » aux heures de pointe
Le groupe de travail a sérieusement envisagé une mesure de « stockage » des poids lourds aux heures de pointe sur la rocade. « On a regardé cette solution sous ses angles juridique, financier et opérationnel. Et notre conclusion à ce stade, c’est qu’elle n’est pas praticable, conclut Alain Anziani. Il y aurait des incidences lourdes sur les territoires et départements voisins, mais aussi en termes d’artificialisation des sols, d’effet accordéon et d’aggravation de la congestion quand on ‘‘relâche’’ les camions. »
6 Des travaux qui finissent, d’autres qui commencent
« Il y a quatorze ans que la mise à 2 × 3 voies a été lancée, rappelle le secrétaire général de la préfecture. On en voit enfin le bout. Les travaux seront achevés l’an prochain. » Ils auront représenté un investissement de 268 millions d’euros, cofinancés par l’État et la Métropole.
D’autres travaux vont être menés. « Ils peuvent paraître techniques mais auront leur importance pour les utilisateurs au quotidien », assure Christophe Noël du Payrat. Il s’agit de créer une « voie d’entrecroisement » entre les sorties 17 et 18 afin d’apaiser les échanges entre la rocade et les communes de Villenave-d’Ornon et Gradignan. Des travaux qui seront menés dès 2023.SUR LE MÊME SUJET
Deuxième opération : des aménagements entre l’A 10 et l’échangeur 26 vers Libourne, où les flux sont régulièrement congestionnés. Dans ce cas, l’horizon est plus lointain : 2027.
7 A 63 à 2 × 3 voies : vers un débat public
C’est un deuxième dossier de mise à 2 × 3 voies. Il est lui aussi ancien et il fait débat. Il s’agit de la portion de l’A 63 comprise entre Salles et Bordeaux. « Les acteurs locaux ont émis des réserves sur la mise en péage qui pourrait financer les travaux nécessaires », euphémise le secrétaire général de la préfecture. « Le gouvernement a donc saisi la Commission nationale du débat public, et deux scénarios seront soumis à la consultation du public en janvier 2023. » L’un avec élargissement jusqu’à Salles et péage, l’autre avec mise à 2 × 3 voies entre la rocade et l’échangeur 25 à Cestas sur crédits publics.