À l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, l’UNICEF France et le Samusocial de Paris, en collaboration avec Santé publique France, ont publié le 10 octobre le rapport «Grandir sans chez-soi : quand l’exclusion liée au logement met en péril la santé mentale des enfants». Dans le viseur : les multiples conséquences de la précarité résidentielle sur la santé mentale des enfants.
Fin août 2022 en France, 42 000 enfants vivaient dans des hébergements d’urgence, des abris de fortune ou dans la rue, selon les données de l’UNICEF France et de la Fédération des acteurs de la solidarité. Ces enfants ont pour point commun d’être confrontés à la précarité inhérente à l’exclusion liée au logement : précarité des conditions de vie, économique, sociale ou encore administrative.
Des conséquences humaines graves
Face à ce constat alarmant, les structures appellent à un renforcement et à une adaptation des politiques publiques tant dans les domaines de l’hébergement et de l’accès au logement que de la santé.
« L’enfance constitue une période essentielle du développement, avec des conséquences sur les bases psychologiques, émotionnelles, sociales, cognitives et comportementales du développement et de la santé mentale de l’enfant », peut-on lire dans le document.
Le logement est un facteur environnemental central pour lui car il structure ses expériences et influe sur le milieu familial, scolaire et amical dans lequel il évolue. Le fait d’en être privé le confronte à des conditions de vie dégradées (nuisances, insalubrité, exiguïté, insécurité, manque de commodités), causant des répercussions sur sa santé physique et mentale, et pouvant affecter sa vie adulte. Sans parler du fait que cette précarité peut altérer les interactions et le fonctionnement au sein même de la famille et à l’école.
Le manque de professionnels
Cette situation peut engendrer un état de mal-être perturbant les relations aux autres, l’estime de soi, le sommeil, l’alimentation, le niveau de stress, les résultats scolaires, l’implication et la motivation dans les activités quotidiennes. Pour certains enfants, cela peut déboucher sur des troubles mentaux plus ou moins conséquents : troubles du comportement, troubles de l’anxiété, dépression ou encore troubles de l’humeur.
Ces problèmes de santé sont difficilement pris en charge car le territoire manque de plus en plus de professionnels exerçant la pédopsychiatrie. L’Ordre des médecins rapporte une diminution d’un tiers des effectifs de médecins compétents à exercer la pédopsychiatrie en France entre 2010 (3 113 professionnels) et 2022 (2 039 professionnels).
Des politiques publiques à renforcer
Face à ces constats, ce rapport propose plusieurs pistes d’actions consistant notamment à garantir l’accueil inconditionnel des familles sans-domicile dans des structures adaptées aux besoins spécifiques de l’enfant et à favoriser la stabilité résidentielle des familles sans-domicile en limitant le recours à l’hébergement d’urgence et en interdisant les expulsions des lieux de vie informels sans solution de relogement durable.
Il plaide aussi pour l’amélioration de la prévention et la détection des problèmes de santé mentale de tous les enfants en renforçant les leviers existants, avec une attention spécifique à la situation des enfants sans-domicile : renforcer les moyens des Protections maternelles et infantiles et ceux de la médecine scolaire, recruter davantage de psychologues scolaires. Autre piste : encourager le développement d’actions de prévention et de sensibilisation hors les murs, visant à « aller vers » les familles sans-domicile via des équipes mobiles adaptées aux besoins des enfants.
Enfin, le rapport met l’accent sur la nécessité de renforcer l’offre de soins en santé mentale par la revalorisation des métiers du soin dans le domaine et l’augmentation des capacités d’accueil des établissements.