Ils sont appelés « polluants éternels », car ils se décomposent très lentement dans l’environnement : les composés perfluorés (PFAS) sont présents de façon préoccupante dans les eaux de surface françaises — les masses d’eau courantes ou stagnantes en contact direct avec l’atmosphère —, selon une étude publiée le 12 janvier par l’ONG environnementale Générations futures.
Ces molécules utilisées pour leurs propriétés hydrofuges, antigraisse et antisalissure sont présentes dans les revêtements antiadhésifs des poêles en téflon, les mousses anti-incendie, les emballages alimentaires ou les imperméabilisants. Leurs effets sur la santé sont néfastes : elles peuvent causer des cancers ou des dérèglements du système hormonal, reproductif et immunitaire. Aux États-Unis, la pollution aux PFAS est à l’origine du grave scandale sanitaire du téflon, raconté dans le film Dark Waters (2019) de Todd Haynes.
En France, Générations futures a voulu établir un état des lieux de la pollution aux PFAS, en analysant la base de données Naïades, qui centralise toutes les données sur la qualité des eaux françaises. Mais l’ONG s’est heurtée à des données très disparates en fonction des départements : tous ne recherchent pas le même nombre de PFAS, ce nombre allant de 1 à 16, et certains ne font des relevés qu’à partir d’un taux de concentration très élevé, ce qui est beaucoup plus rare. Par conséquent, l’association environnementale conclut à « une contamination généralisée des eaux de surface, mais probablement sous-estimée ».
Au niveau européen, la surveillance des polluants éternels est plus stricte : vingt-quatre PFAS sont estimés prioritaires à dépister dans les eaux de surface, dont certains ne sont même pas encore recherchés en France. En décembre dernier, le gouvernement a annoncé un plan d’action pour encadrer l’usage des PFAS. Dans un communiqué de presse, il affirme que « le ministère [de la Transition écologique] travaille également avec les acteurs du milieu industriel pour réduire l’usage de ces produits en 2023 et trouver des solutions durables de substitution ». Ce plan d’action gouvernemental devrait être publié avant la fin du mois de janvier.