Le cinéma Le Festival, à Bègles, cherche son nouveau gestionnaire. Après 15 ans, Fabrice de la Rosa dit au revoir à sa création : le premier cinéma entièrement dédié à l’animation. En juillet prochain, l’une des cinq associations qui ont déposé leur projet à la mairie de Bègles prendra la main, pour 5 ans minimum.ⓘ
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15 ans de Festival
C’est avec le sourire que Fabrice de la Rosa regarde les 15 années vécues dans son cinéma : « on s’est vraiment bien amusé ». Il cite pêle-mêle les soirées cartoons avec des diffusions de pellicules de 1933, les distributions de bonbons à l’entracte, les ciné-danse et ciné-impros, des séances où des comédiens improvisent sur un court métrage. « Le cinéma d’animation permet de parler de tout, et autant aux petits qu’aux adultes! »
Ce passionné reprend la gestion du lieu, dont la mairie est propriétaire, en 2008. « A l’époque personne n’y croyait, le lieu était en chute libre depuis l’arrivée du CGR à 10 minutes de là », raconte celui qui ne s’est pas rémunéré pendant de longs mois pour faire tenir le projet et payer ses deux projectionnistes. Quelques coups de pinceaux pour parer le grand hall vitré de vert, de bleu, de orange, de violet, et une programmation uniquement composée de films d’animation : le Festival 2.0 était né.
« Le cinéma d’animation, c’est ma vie »
Fabrice de la Rosa se souvient du « déclic », lorsqu’il était enfant. « A l’époque, Disney ne sortait qu’un film par an, pour Noël. Cette année là c’était Merlin l’enchanteur. En sortant, j’ai dit à mes parents « eh bien je veux faire des dessins animés ». » Il passe à tous les postes, réalisateur, distributeur, producteur, et même enseignant. « Le cinéma d’animation, c’est ma vie » résume le Bordelais.
Un lieu important pour les Béglais
En quinze ans, « nous sommes passés de 26 000 places à l’année à plus de 37 000 juste avant le covid. » Avec une trentaine de séances par semaine, le cinéma s’est constitué un vivier d’habitués. « C’est l’unique cinéma de la Barrière de Bègles », souligne Nadia Benjelloun, élue adjointe à la Culture. Les spectateurs habitent Bègles mais « pas seulement » précise l’élue : « selon notre étude de marché, la zone d’influence du cinéma, ce sont 60 000 personnes, sachant qu’à Bègles nous sommes 30 000 ». L’importance du cinéma de proximité s’ajoute au patrimoine : acheté par la mairie en 1995, il existait depuis 1912, à l’époque des films muets.
Nouveau projet annoncé en juin
Cinq dossiers ont été déposés à la mairie de Bègles. Les élus étudieront les projets avant d’élire celui qui reprendra le flambeau, en juillet. L’annonce du nouveau gestionnaire devrait être faite au courant du mois de juin. Fabrice de la Rosa regrette de voir sa marque de fabrique (sa programmation animation) disparaître. L’adjointe à la mairie de Bègles le confirme, la programmation gardera une part de films d’animation, mais elle s’élargira et s’étoffera de films d’arts et essai, notamment. « Nous réfléchissons aussi à installer un espace de restauration, et aimerions que les futurs gestionnaires développent les rencontres entre les séances, » explique-t-elle.
En attendant la passation de gestionnaire, le cinéma continue de vivre, « hier c’était après-midi gauloise avec les jeunes autour du film Astérix et Obélix, raconte Fabrice de la Rosa. J’étais déguisé en gaulois, Christophe le projectionniste était en Astérix, on a distribué de la potion magique pour le goûter, on s’amuse avec nos spectateurs !«