Le coût du stationnement automobile est évalué à 14 milliards d’euros, en 2021, d’après les travaux du bureau d’études Adetec, qui a publié le 10 mars un rapport d’expertise sur le sujet. Bruno Cordier, consultant à Adetec, évalue à 13,1 milliards d’euros le coût pour les finances locales.

Très chère voiture. Le stationnement automobile coûterait près de 14,045 milliards d’euros pour les finances publiques, dont 13,1 milliards rien que pour les collectivités locales. C’est en tout cas la conclusion d’une étude réalisée par Bruno Cordier, du cabinet ADETEC, à la demande de l’association « Qualité Mobilité », à partir des données 2021(1). « L’un des buts de cette étude est de montrer que l’utilisation de la voiture est un coût pour les finances publiques », explique le consultant. 

L’association « Qualité Mobilité » regroupe un certain nombre d’entreprises, et dont la fédération nationale des usagers des transports (FNAUT) assure le secrétariat, explique son président Bruno Gazeau. « Ce travail s’inscrit dans une série d’études sur les contributions publiques à différents modes de transport. Elle apporte de l’eau au moulin sur le sujet de la contribution des finances publiques à l’usage de la voiture », précise-t-il. 

Des recettes très faibles 

D’après les évaluations du consultant, les communes de France métropolitaine comptent environ 70 millions de places gratuites et quelque 750 000 places payantes et cet ensemble occupe 87 500 hectares. Précisément, « le coût public annuel des places gratuites est d’environ 12,3 milliards d’euros », répartis pour près de 40% pour la mise à disposition du foncier, 26% pour l’amortissement des aménagements et 34% pour l’entretien. Ainsi, le coût moyen d’une place gratuite est de 176 €. Ces dépenses sont de 427 millions d’euros pour les places payantes mais compensées par le montant double des recettes de près de 891 millions d’euros.

Ce calcul sur la base du foncier peut interroger, alors que les collectivités sont propriétaires de la voirie. Bruno Cordier précise : « Quand j’évalue le coût du foncier alloué aux voitures, ce n’est pas pour dire qu’il y a un manque à gagner pour les collectivités, mais plutôt pour expliquer qu’il s’agit d’argent public qui pourrait être affecté à d’autres usages publics, comme élargir les espaces piétons, pour végétaliser, etc ».

Au-delà des simples places de stationnement en voirie, l’étude s’attarde également sur la question des parkings publics en enclos et en ouvrage avec plus d’un million de places les concernant, et évalue à 980 € le coût d’une place. Il évoque également les places de stationnement offertes aux salariés, et les exonérations d’impôts afférentes caractérisant ces places et donc au manque à gagner potentiel pour l’Etat et à l’Urssaf.

Les instruments de contrôle coûtent davantage

Aussi paradoxal que cela puisse l’être, le coût du contrôle du stationnement illicite est plus important que ce que le paiement des amendes rapporte ! Il évalue à 312 millions d’euros le coût du contrôle, contre 129 millions d’euros d’amendes perçues. C’est le non-paiement d’une grande partie des amendes qui cause ce déficit. Même chose avec les fourrières automobiles qui « génèrent une dépense nette d’environ 49 millions d’euros pour les collectivités locales », évalue Bruno Cordier. Pour le consultant, « il y a des lobbies qui disent que l’automobiliste est la vache à lait et qu’il rapporte de l’argent à l’Etat et aux collectivités. On voit dans ce cas que ça n’est pas le cas « , s’exclame-t-il.

Le document se penche par ailleurs sur la réforme du stationnement mise en œuvre le 1er janvier 2018 et qui concernait à l’époque près de 800 communes en France. D’après Bruno Cordier, cette réforme qui a dépénalisé le stationnement a généré une hausse de 60% des recettes « due à un meilleur paiement spontané du stationnement, aux recettes du forfait de post-stationnement (FPS) et, dans une moindre mesure, à la hausse des tarifs dans certaines villes ».

En 2021, « les impôts et taxes sur le stationnement rapportent environ 804 M€ par an » estime le rapport, qui évoque cependant la suppression de la taxe d’habitation, qui pesaient pour 272 millions d’euros. Les places de stationnement privées dans les résidences secondaires continueront à être imposables.

Un coût équivalent à celui des transports publics

Enfin, dans le rapport il est estimé que « les dépenses publiques nettes en faveur du stationnement automobile sont du même ordre de grandeur que pour les transports conventionnés urbains et à 1,5 à 2 fois plus élevées que celles des transports conventionnés interurbains ». Bruno Cordier s’interroge : « Quand vous êtes un automobiliste, vous faites l’usage d’un mode de transport qui est très coûteux pour la collectivité et qui est payé, pour l’essentiel, par les contribuables. Pour les transports collectifs, les contribuables paient, mais les usagers également ».

Même son de cloche pour Bruno Gazeau, président de la FNAUT pour qui « les personnes qui ont une voiture n’ont pas forcément conscience de ce qu’elles coûtent à la société en termes d’infrastructures. Et le débat est le même pour d’autres modes, comme le train ou l’avion, qui est encore très subventionné ». Pour lui « cette contribution permet d’objectiver le débat, mais à la fin, les discussions ont lieu localement ».

Le stationnement des voitures coûterait plus de 14 milliards d’euros