REPORTERRE : Si l’enquête judiciaire ouverte par le parquet de Brest devrait déterminer la cause de l’incendie, beaucoup de voix s’élèvent en interne sur un laisser-faire des forces de police face au mitraillage en règle lors de la manifestation du 30 mars. « Visiblement, la police n’a pas cherché à s’opposer et a même reçu l’ordre de laisser faire, fait savoir un autre agent de l’OFB, sous couvert d’anonymat. C’est clairement ce que le préfet a dit à l’un de mes collègues qui était sur place lundi matin [le 3 avril]. Une dizaine de policiers étaient présents lors de la manifestation et avaient ordre de ne pas intervenir tant qu’il n’y avait que des dégâts matériels. Heureusement, personne ne se trouvait à l’intérieur ! » Selon la même source, les dégâts liés à l’incendie sont pour l’instant estimés à environ 3 millions d’euros.
« Le secrétaire d’État devrait nous soutenir »
L’incendie a fortement affecté les trente-huit personnes travaillant sur le site en partie détruit. Mais le soir même, une longue lettre du secrétaire d’État à la mer, à l’attention des professionnels de la filière pêche, n’a pas manqué de renforcer les tensions. « Hervé Berville a clairement attisé la colère des pêcheurs à notre égard, juge Sylvain Michel. On leur a fait croire que beaucoup de choses allaient être interdites l’année prochaine, alors que ce n’est absolument pas le cas. »
En plus de n’avoir aucun mot au sujet des violences à Brest, Hervé Berville a notamment assuré aux pêcheurs son opposition à une « interdiction générale et absolue des engins de fonds mobiles dans les zones Natura 2000 et les aires marines protégées » et au plan cétacés décidé par le Conseil d’État. « C’était violent pour les collègues, cela remet en cause tout leur travail depuis tant d’années, déplore Sylvain Michel. Il y a une grande incompréhension, car nous n’avons jamais travaillé contre les pêcheurs, mais plutôt avec eux dans le but de rendre leur activité plus durable. »