Le réchauffement climatique et la multiplication des pins ont permis aux chenilles processionnaires de s’étendre partout en France. Ces papillons en devenir représentent pourtant un danger pour les hommes et les animaux. Explications avec l’Observatoire des chenilles processionnaires-Fredon France.

Elles descendent des troncs des pins par centaines, à la recherche d’un refuge dans les sols chauds, pour en ressortir l’été, devenues papillons. Comme tous les ans, la saison est à cette longue traversée depuis les cimes pour les chenilles processionnaires du pin.

Elles peuvent toutefois s’avérer dangereuses pour l’homme et les animaux. Alice Samama, de l’Observatoire des chenilles processionnaires-Fredon France, explique : « Quand elles se sentent agressées, les chenilles processionnaires du pin libèrent des poils urticants, qui vont provoquer au contact des démangeaisons, conjonctivites, irritations des voies respiratoires, ou des réactions allergiques pour les plus sensibles. »

Les réactions à la toxine libérée par les chenilles peuvent être encore plus sévères pour les animaux. « Les chiens, chats, chevaux ou bovins peuvent vouloir s’approcher des chenilles. Cela peut provoquer des réactions sur leurs muqueuses, comme des nécroses de la langue, parfois jusqu’au décès dans les cas les plus graves ».

La faute au réchauffement climatique

L’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique utilise les chenilles processionnaires depuis les années 2000 comme indicateur. « Ces processions sont observables en général de mi-décembre à avril. On a eu des observations plus tôt cette année, dès octobre. Le réchauffement climatique décale à la fois leur cycle, et leurs aires de répartition. Initialement, les chenilles processionnaires du pin sont surtout dans le sud de la France, maintenant elles sont sur la totalité du territoire métropolitain », analyse Alice Samama.

Selon les chercheurs de l’université de Grenoble, regroupés au sein de l’Encyclopédie de l’Environnement, « le réchauffement hivernal augmente la survie des chenilles et leur permet de terminer leur développement dans des régions où les conditions climatiques leur étaient préalablement hostiles ». Un phénomène observable à l’œil nu. Pendant la période hivernale, avant leur procession, elles se nourrissent des aiguilles du pin. Les chenilles vivant plus longtemps dans l’arbre, elles le dépouillent de sa verdure, réduisant par la même ses capacités de photosynthèse.

Autre facteur de leur développement en France, la plantation de pins partout sur le territoire. « On a planté des pins en ville, dans les parcs, les rues. À partir du moment où il y a des pins, il y aura potentiellement des chenilles », signale l’animatrice de l’Observatoire des chenilles processionnaires.

Savoir gérer les risques

Alice Samama précise qu’il est préférable de laisser les professionnels s’occuper de la prolifération des chenilles. « Il ne faut pas s’approcher ni toucher les chenilles. Mêmes mortes, les écraser n’est pas une bonne idée, car elles peuvent toujours libérer leur toxine. »

Depuis avril 2022, les chenilles processionnaires sont classées dans le code de santé publique comme « espèces dont la prolifération est nuisible pour la santé humaine ». Les préfets sont tenus d’émettre des arrêtés de mesure de gestion, et de mettre en place des pièges à chenilles, ou l’installation de prédateurs naturels, comme les mésanges ou les chauves-souris, pour réguler leur population. « L’éradication n’est pas le but, puisque les chenilles sont endémiques, elles font partie du cycle de vie d’autres animaux, précise Alice Samama. Il faut gérer le risque en fonction d’où elles se trouvent. Dans un parc ou une cour d’école, on agit. Dans une forêt, où elles croisent moins de monde, autant les laisser vivre leur vie ».

Faut-il s’inquiéter des chenilles processionnaires ?