Voilà des années que les scientifiques alertent le grand public sur les dangers du dérèglement climatique. Pourtant, nos entourages sont toujours peuplés d’oncles climatosceptiques, de cousines un peu complotistes ou d’amis qui pensent que la technologie règlera tout. Voici nos sept conseils pour embarquer vos proches à qui les rapports du Giec donnent de l’urticaire.
- 21/09/2023
- Par Justine Prados et Jennifer Gallé
1. N’ayez pas peur de parler de la crise écologique
Vidéos d’altercations violentes lors de manifestations, culture du clash sur les réseaux sociaux ou sur les plateaux de télévision… Voilà de quoi refroidir les ardeurs de celles et ceux qui voudraient évoquer les sujets écologiques avec leurs proches, mais craignent le conflit. «On arrive souvent à cette conclusion, fausse, que le sujet est méga-clivé et qu’il ne faut pas en parler pour ne pas gâcher la fête», explique Lucas Francou Damesin, directeur de Parlons climat, un programme qui cherche à mettre le climat au centre du débat public. Pourtant, 85% des Français·es s’inquiètent des effets du changement climatique, et 72% souhaitent en faire davantage au quotidien pour lutter contre la crise, d’après une étude réalisée en juin pour Parlons climat. «Parlez-en, c’est le meilleur “petit geste”», insiste Lucas Francou Damesin.
2. Ne tombez pas dans les discours stéréotypés
Pour éviter le dialogue de sourds, ne vous laissez pas enfermer dans une case : vous n’êtes pas le ou la porte-parole de la communauté scientifique, des militant·es pour le climat ou d’une quelconque «élite politique», et vous n’êtes pas astreint·e à une «pureté» dans vos actes, qui est toujours inatteignable. «Avec des proches, on peut plus facilement se relier à ce que l’autre est en train de vivre, imaginer ce qu’il ou elle ressent et ce qu’il ou elle ne dit peut-être pas, notamment quand il y a des réactions un peu défensives», conseille Jean Le Goff, psychosociologue, spécialiste dans la question du vécu émotionnel face au changement climatique.
3. Témoignez de vos propres expériences
Les discours pontifiants, moralisateurs et clivants, on l’a vu, ne marchent pas. Plutôt que de déverser ses connaissances en matière de climat et de recul de la biodiversité, une bonne dose d’humilité s’avère souvent plus efficace. Pour que le message passe mieux, on peut parler de ce que l’on fait, soi-même, pour la planète. Vous vous êtes lancé·e dans le zéro déchet ? Vous avez décidé de troquer la voiture pour le vélo ? Vous projetez de faire de l’éco-rénovation chez vous ? Racontez ! «Le but, c’est de sortir des discours dogmatiques pour rejoindre les dimensions pratiques de l’engagement», précise Gauthier Simon, enseignant en sciences politiques à l’Université de Bordeaux, qui travaille sur la conversion écologique. En évoquant les aspects concrets, quotidiens, les joies comme les difficultés, on risque bien de susciter la curiosité des autres et, rêvons un peu, de leur donner envie d’en faire de même.
4. Aidez à apprivoiser la peur et autres émotions fortes
Le réchauffement, ça fait peur. Et l’éco-anxiété touche de plus en plus de monde. Quand les discussions en famille atteignent le continent incertain et risqué des émotions (fortes), pas de panique. «On a souvent l’idée que l’éco-anxiété conduit systématiquement au découragement, à la sidération. Ce n’est pas vrai. Il s’agit d’une émotion dite “adaptative”, qui pousse au contraire à l’action», indique Lucas Francou Damesin, de Parlons climat. Si les émotions ont longtemps été disqualifiées, à cause de leur dimension «déraisonnable», elles font aujourd’hui leur grand retour. «Une sorte de révolution», note le chercheur Gauthier Simon, pour qui «la peur et la colère nous permettent de retourner au contact du monde».
5. Partagez des «expériences de nature» au quotidien
Pour sortir ses proches de l’indifférence ou du déni face à la crise écologique, on peut aussi partager ce que la chercheuse du Muséum national d’histoire naturelle Anne-Caroline Prévot présente comme des «expériences de nature au quotidien». C’est bête comme chou : prêter attention quelques minutes aux couleurs d’une fleur qui pousse sur le trottoir, au bourdonnement d’un insecte entendu dans un jardin public, à la silhouette d’un animal entrevu sur un chemin de campagne. Certaines applications peuvent accompagner cette sensibilisation, à l’image de Plantnet : à l’aide d’une simple photo, on peut apprendre à identifier des milliers de végétaux. Rien qu’avec les arbres des villes, il y a déjà de quoi animer les balades dominicales.
6. Prenez les choses au sérieux… mais avec humour
Et si, au lieu de parler d’un énième article sur les effets dévastateurs de la canicule ou l’inexorable montée des eaux, vous preniez le parti d’aborder ces questions avec humour ? Imaginez la fête dans le groupe WhatsApp familial quand vous partagerez ce post du Gorafi ou les articles du média parodique Malheurs actuels. Plus sérieusement, nombreux·ses sont celles et ceux qui informent aujourd’hui de manière plus ou moins décalée sur le réchauffement et la biodiversité. À commencer par vos serviteurs : toute l’équipe de Vert rivalise de jeux de mots et de vidéos légères concoctées depuis la Bretagne par Gaëtan Gabriele pour faire passer la pilule très amère des informations sur l’écologie. Vous pouvez aussi abonner vos proches aux comptes de Swann Périssé, Ophélie ta mère nature, Ami des lobbies ou du Jeune engagé (entre autres!), qui abordent la crise écologique sans jamais tomber dans la déprime.
7. Jouez !
Fini le Monopoly ou à la Bonne paye après les repas de famille ; faites l’essai des jeux de société qui tournent autour de l’écologie. Ils sont de plus en plus nombreux, à proposer de sauver la planète à plusieurs, ou à apprendre à partager les ressources naturelles, comme Terrabilis ou Famille zéro déchet. Une manière de faire passer des messages avec subtilité tout en s’amusant. Pour aller un peu plus loin et impliquer directement vos proches – notamment les plus compétiteur·rices -, vous pouvez aussi leur suggérer de vous lancer dans un défi collectif, comme ceux proposés par Ma petite planète. Ce jeu en équipe propose une soixantaine d’actions à réaliser pendant trois semaines (notre article). Des plus simples, comme «aller faire un tour dans un magasin d’occasion», aux plus engageantes, comme «rejoindre une association», ces défis permettent de sensibiliser les joueur·ses, chacun·e à son rythme. Et ça tombe bien, puisque le prochain challenge débute dans quelques jours, le 25 septembre prochain !
Cet article est issu de notre rubrique Le vert du faux. Idées reçues, questions d’actualité, ordres de grandeur, vérification de chiffres : chaque jeudi, nous répondrons à une question choisie par les lecteur·rices de Vert. Si vous souhaitez voter pour la question de la semaine ou suggérer vos propres idées, vous pouvez vous abonner à la newsletter juste ici.