La récréation doit rester un moment de détente propre à se ressourcer. L’aménagement des cours d’école doit donc tenir compte de cette évolution du climat ainsi que des spécificités régionales. C’est fini les préaux et cours enrobés de bitume sur lequel trônent trois bancs. Tous les acteurs de l’école s’accordent à reconnaître que le temps de la récré mérite un meilleur environnement dans lequel les élèves pourront se ressourcer.
Un espace à ne pas négliger
Des plus jeunes aux plus âgés, les élèves citent majoritairement la cour de récréation comme étant leur espace préféré à l’école. Il est donc important de soigner l’aménagement extérieur des établissements pour que les enfants s’y sentent encore mieux et que ce temps dédié à la détente soit pleinement bénéfique.
Pour mener à bien ce projet, il faut tout d’abord bien analyser la situation initiale car elle sera la base du projet. Il ne s’agit pas de faire table rase du passé mais plutôt d’améliorer l’existant et si possible en tirer profit.
L’opération peut d’ailleurs s’inscrire dans un objectif plus global à l’échelle de la collectivité. Il peut par exemple être question de lutter contre les ilots de chaleur urbain et le traitement d’une cour d’école peut parfaitement profiter au quartier auquel elle appartient. Elle peut aussi répondre aux exigences de programmes intercommunaux tels qu’un contrat de trame verte et bleue.
Un autre critère de choix peut aussi être celui de traiter en priorité la cour d’école qui aura subi les plus fortes chaleurs au cours des étés précédents. Cela suppose cependant que les températures aient été enregistrées précédemment.
Il convient ensuite de lister les objectifs à atteindre, tel que :
- Lutter contre la surchauffe en été
- Protéger du vent
- Reverdir l’espace
- Créer un décor agréable et apaisant
- Désimperméabiliser l’existant
- Apporter de l’ombrage
- Limiter le rayonnement solaire en été dans les locaux.
- Améliorer la gestion de l’eau pluviale (suppression des flaques d’eau, de la formation de boue, mise à profit de l’EP)
- Mettre en conformité les espaces extérieurs aux conditions d’accès des personnes handicapées.
La phase avant-projet doit associer les usagers, en particulier les élèves, les parents, les professeurs et le personnel afin qu’ils s’approprient le futur aménagement et que leurs attentes soient bien prises en compte. Il est bon de présenter dès les premières rencontres une esquisse du projet afin que les intéressés puissent réagir. Il faudra bien entendu préciser que ce premier jet de conception n’a pour objet que de susciter leur réaction et que rien n’est figé.
Un principe toutefois est à retenir, il est indispensable de préciser les éléments techniques du projet qui ne peuvent être changés. Ils concernent très souvent les réseaux ou les infrastructures. Les arguments figeant ces éléments doivent être légitimes et doivent pouvoir être expliqués pour être admis.
La phase travaux elle-même peut être source d’inquiétude, car la continuité d’accès à la cour de récréation est essentielle au fonctionnement de l’école. Les risques éventuels en phase d’exécution devront être évoqués si les travaux sont exécutés en période scolaire et des solutions seront proposées pour y remédier.
Quel contenu possible pour le projet ?
La phase d’avant-projet ayant été menée comme nous venons de la décrire, le projet consistera à trouver une solution pour chaque élément exprimé en vérifiant toutefois que l’ensemble soit cohérent et que l’enveloppe financière soit respectée.
La tendance actuelle est bien de « déminéraliser » les cours d’école en leur substituant plus de surfaces végétalisées qui permettent de constituer un décor plus apaisant. Il est possible de travailler l’ombre et la lumière en choisissant des essences appropriées. Des arbres à feuilles caduques apporte de l’ombre en été, y compris sur les façades des bâtiments et ils laissent passer la lumière en hiver après la chute des feuilles.
L’idéal est d’associer un paysagiste au projet. Il pourra proposer les essences les plus adaptés en fonction de leur volume futur, de leur forme, de leur croissance, de leur résistance en milieu urbain ou encore de leurs exigences en matière de sol (1)
Une vigilance particulière sera apportée aux risques que peuvent apporter certains végétaux. Sans les exclure les arbres fruitiers pourront attirer des insectes ou certaines baies pourront être dangereuses. En revanche, ils feront le bonheur des oiseaux dont le nombre et les espèces s’accroîtront. D’autres espèces d’arbres comportent des épines qui peuvent s’avérer dangereuses, d’autres peuvent s’avérer désagréables à certaines saisons, comme le ginko biloba qui produit des fruits dont le pourrissement est particulièrement malodorant.
Qui dit végétaux dit eaux. Car augmenter les surfaces végétalisées augmentent aussi les besoins en arrosage en été pour maintenir l’aménagement en état. Pourquoi ne pas utiliser le sous-sol de la cour de récréation pour stocker l’eau pluviale tombant en abondance en hiver. Il existe des solutions de bassins prèts à être enterrés. Il peut s’agir de cuves en béton ou en résine ou encore d’éléments modulaires à assembler pouvant couvrir une grande surface tout en la laissant circulable. Cette réserve d’eau peut être dédiée uniquement à l’arrosage des plantes mais si son volume le permet, elle peut aussi servir au nettoyage extérieur. Rappelons toutefois qu’il n’est réglementairement pas possible d’alimenter des bâtiments scolaires même pour alimenter les chasses d’eau des WC.
Il est aussi possible de puiser dans ces réserves pour arroser d’autres espaces verts de la collectivité si leur capacité excède celle nécessaire aux besoins de l’école. L’aménagement d’un point de puisage externe à l’enceinte de l’école permettra aux employés des services techniques de la collectivité de l’utiliser sans perturber l’activité scolaire. Le projet d’aménagement peut aussi intégrer d’autres besoins comme la création de bassins accueillant des poissons. Une volière peut aussi accueillir des poules, des pigeons ou des canards qui nécessiteront une alimentation en eau. La réserve d’EP est tout à fait appropriée à ce genre d’usage. Il faudra toutefois prévoir des accès surveillés pour ce type d’endroit que les enseignants pourront utiliser en support pédagogiques. Les eaux pluviales peuvent dans ce cas être collectés dans des réservoirs « aériens » qui permettront à l’eau de circuler gravitairement. Seule la surverse de ces premiers stockages seront alors dirigés vers les ouvrages en sous-sol.
Dans certains cas, il faudra apporter des protections contre les vents dominants ou simplement les courants d’air pouvant perdurer dans les zones fortement urbanisées. La plantation de massifs permettra de créer des écrans brisant ces effets de l’air. Ces ilots pourront alors recevoir du mobilier propice aux jeux calmes. Il faudra cependant que l’aménagement puisse permettre une surveillance facile de la cour.
Le choix des matériaux de surface aura aussi son importance. Un matériau apprécié des enfants est le copeau de bois. Il permet d’assurer un paillage efficace empêchant la pousse des adventices. Il est aussi un excellent amortisseur autour des jeux susceptibles d’entraîner des chutes. Mais il a tendance à s’éparpiller un peu facilement au gré du vent…ou des chaussures.
Les bambous constituent d’excellents rideaux végétaux mais il faut choisir judicieusement la variété, d’une part en fonction de leur hauteur et surtout en fonction de leur développement. Il faut en effet se méfier des variétés à fort développement racinaire qui tendent à étendre le massif de façon anarchique. Il existe dans le commerce des bandes de protection à enfouir en périphérie pour maîtriser ce développement.
Voilà rapidement brossée la cour d’école de demain, finalement rendue plus vivable en lui injectant du vivant.