Refuser la disruption, est-ce refuser le changement ?
Car, on l’a vu, avec l’extension de ce terme dans les années 2010 notamment, de l’économie et des nouvelles technologies jusqu’à la sphère politique, disrupter est devenu un synonyme d’avancée, de transformation, de changement.
Et inversement, le changement lui-même n’est plus conçu que sous la forme de rupture, de fracture, de court-circuit. Il faudrait absolument tout réinventer, tout le temps, et savoir se renouveler soi-même avant tout. Mais pas n’importe comment : avec éclat et coupures franches.
C’est d’ailleurs ce qu’on demande au nouveau Président : de disrupter sa politique qui se présentait pourtant déjà comme disruptive.
Et c’est ainsi tout le paradoxe de la disruption : elle se disrupte elle-même.
La disruption n’a d’autre essence que de s’auto-court-circuiter, en permanence, que de se fracturer elle-même, autrement dit, de se détruire. Et donc, de ne rien changer.
A partir de là : comment désirer encore la disruption ? et pourquoi encore concevoir le changement uniquement de cette manière-là ?
https://www.franceculture.fr/emissions/carnet-de-philo/disrupter-la-disruption?xtor=EPR-3