REPORTERRE :
Sans pollution de l’air, pas d’impressionnisme ? Une étude, publiée mardi 31 janvier dans la revue de l’académie des sciences étasunienne (Pnas), suggère que les changements atmosphériques causés par la révolution industrielle et ses nuages de fumée toxique ont influencé la peinture du XIXe siècle.
Les émissions de dioxyde de souffre ont explosé dans les villes européennes à partir de 1850, écrivent les auteurs. Cette substance toxique a profondément modifié « l’environnement optique », diminuant les contrastes et augmentant l’intensité lumineuse. Résultat : le style des peintres, notamment du britannique Turner et du français Monet, a progressivement évolué vers des contours plus flous et une palette plus claire. La transition de ces deux artistes vers un style moins figuratif et plus impressionniste « rend compte avec précision des changements physiques dans leur environnement optique local », écrivent les auteurs.
Des contours plus flous et une palette plus claire
Les chercheurs sont parvenus à ces résultats en comparant le niveau de contrastes de 60 peintures de Turner et de 38 de Monet à des photographies des monuments qu’ils ont peints, prises lors de journées plus ou moins polluées. Ils ont ensuite examiné les liens entre la pollution et le niveau de contraste en s’appuyant sur des indicateurs historiques de la qualité de l’air. Au-delà de séduire nos yeux et nos âmes, concluent-ils, les travaux de ces deux artistes nous donnent « des indications quantifiables sur les niveaux de pollution durant la révolution industrielle ».