La titulaire du portefeuille de l’organisation territoriale et des professions de santé s’est lancée dans une opération vérité devant les élus intercommunaux réunis le 6 octobre 2022 à Bordeaux.
Pas question de « régulation », encore moins d’« obligation » d’installation et de mesures « coercitives » pour les médecins. Selon la secrétaire d’Etat à l’Organisation territoriale et aux professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, devant la convention d’Intercommunalités de France, le 6 octobre, à Bordeaux, « le courage politique, c’est de dire que tout ça, ça ne marche pas ».
Ces dispositions, juge-t-elle, auraient pu être utiles voici dix ans si « ceux qui les demandent aujourd’hui les avaient mises en œuvre ». Mais il est trop tard…
« Zéro fois zéro, ça fait toujours zéro »
« 87 % du territoire est considéré comme un désert médical », répète la secrétaire d’Etat. Agnès Firmin Le Bodo ne veut pas faire « de la régulation entre des territoires sous-dotés et des territoires un peu moins sous-dotés » et « rentrer dans une compétition injuste ». « Zéro fois zéro, ça fait toujours zéro », martèle-t-elle. « On peut considérer que c’est la France qui est un désert médical », finit-elle par lâcher devant une assistance principalement composée d’élus locaux.
Le relèvement du numerus clausus ne produira ses effets que dans une petite décennie, prévient-elle. Et, à ce moment-là, la France ne passera pas de l’ombre à la lumière. Les jeunes praticiens ne conçoivent pas toujours la médecine comme un sacerdoce. Ils n’entendent guère sacrifier leur vie privée. « Pour un médecin qui part à la retraite, il en faut trois nouveaux », lance la secrétaire d’Etat.
Le modèle de la médecine libérale
Selon la pharmacienne de métier, la solution, à terme, n’est pas à rechercher dans le système de régulation territoriale en cours dans sa profession. Ce dispositif est daté et n’empêche pas les trous dans la raquette, dit-elle en substance.
Pour cette proche d’Edouard Philippe, ancienne première adjointe LR du Havre, « le modèle de la médecine libérale » a encore un sens et doit en avoir un à l’avenir.
Autant de propos que le président délégué d’Intercommunalités de France, Sébastien Miossec (PS), qualifie d’« étonnants ». Mais le patron de Quimperlé Communauté (Finistère) préfère positiver : « C’est bien qu’on ait une membre du gouvernement chargée de l’organisation territoriale de la santé. Sa présence, à notre convention, montre que notre échelon est utile. » La première vice-présidente de l’association d’élus, Virginie Carolo-Lutrot (Divers droite), se montre un peu plus circonspecte. « Ce n’est pas le tableau excel qui fait les politiques publiques », tranche-t-elle.