Le gouvernement reproche à la mairie écologiste de Lyon d’imposer ce repas dans les cantines scolaires à partir de lundi. Celle-ci défend un choix lié aux contraintes sanitaires, déjà mis en place en 2020 par l’ancienne municipalité.
La décision de la mairie écologiste de Lyon de proposer des menus sans viande aux enfants d’école primaire au retour, lundi 22 février, des vacances d’hiver, a immédiatement provoqué la polémique, alimentée par plusieurs membres du gouvernement.
« Idéologie scandaleuse », a tweeté Gérald Darmanin, samedi 20 février, s’en prenant au choix de la municipalité lyonnaise de proposer un seul menu sans viande dans les cantines des écoles primaires, à partir de la rentrée de lundi.
« Insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers français », a ajouté le ministre de l’intérieur, affirmant que les écologistes veulent exclure les classes populaires des cantines scolaires car, dit-il « de nombreux enfants n’ont souvent que la cantine pour manger de la viande », au nom d’une « politique moraliste et élitiste ».
En omettant de préciser que l’ancien maire de Lyon, Gérard Collomb, avait pris exactement la même mesure, lors de la sortie du premier confinement, en mai 2020, seul moyen selon lui pour assurer la distribution de 29 000 repas quotidiens dans les écoles primaires de la ville. La municipalité désormais dirigée par les écologistes, alliés à la gauche unie, n’a donc fait que reprendre cette mesure exceptionnelle déjà mise en place par l’ancienne équipe.Lire aussi Faut-il proposer un menu végétarien à la cantine tous les jours ?
Avant la crise sanitaire, les élèves lyonnais avaient le choix entre trois entrées et deux plats principaux différents, dont un à base de viande ou de poisson. Or, la moitié des élèves de primaire ne choisissait pas la viande, par goût, par habitude familiale ou par précepte religieux. « Le seul moyen de faire manger un plat chaud à tous les enfants de l’école, c’est de proposer un plat sans viande, mais avec des protéines animales comme le poisson ou les œufs, conforme aux exigences nutritionnelles. Nous n’excluons personne, c’est même le contraire ! », explique Stéphanie Léger, maire adjointe à l’éducation.
Salve de critiques
Dans son sixième protocole sanitaire des écoles, le ministère de l’éducation nationale a imposé pour la rentrée une distance de deux mètres entre les élèves à la cantine, contre un mètre auparavant. Ce qui rend le temps passé à manger plus difficile à gérer et ne permet pas de proposer plusieurs plats.
« Nous faisons manger chaud tous les enfants, en appliquant les précautions sanitaires demandées, et des membres du gouvernement nous font le procès de l’élitisme, c’est tout de même le monde à l’envers », estime Stéphanie Léger. « Je suis nouvelle en politique, je trouve que faire porter le jeu politique sur le dos des enfants, c’est très malhonnête », ajoute l’adjointe du maire écologiste Grégory Doucet.
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Cible favorite de la droite régionale, la municipalité lyonnaise n’a pas su anticiper la salve de critiques sur ce sujet sensible. Jeudi, un simple mail aux parents d’élèves a informé de la nouvelle disposition dans les cantines. « Nous avons utilisé exactement le même procédé d’information que celui de Gérard Collomb à l’époque », justifie le cabinet du maire de Lyon.
« Cette manière d’asséner un choix, sans aucune alternative possible, est proprement inadmissible », a réagi Etienne Blanc, sénateur (Les Républicains) du Rhône et chef de file de la droite lyonnaise. Des élus d’opposition ont aussi laissé entendre que la mairie préparait des menus exclusivement végétariens à l’occasion du renouvellement du contrat de restauration scolaire, prévu en 2022. Selon les informations du Monde, les négociations en cours prévoient deux types de menus, dont une alternative végétarienne, laissant toujours le choix aux familles.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Menus végétariens dans les cantines : des retombées positives pour l’environnement
Plusieurs membres du gouvernement ont récupéré la polémique locale pour en faire un sujet national. Après Gérald Darmanin, Gabriel Attal, porte-parole, et Olivier Dussopt, ministre des comptes publics, ont relayé la thèse doctrinaire imputée à la mairie de Lyon, alors que Julien Denormandie, leur collègue à l’agriculture, a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il saisissait le préfet du Rhône pour évaluer la décision municipale. Une manifestation d’agriculteurs devait avoir lieu lundi matin devant la mairie de Lyon. Gérard Collomb n’a fait aucun commentaire.