Opposant au projet de ligne à grande vitesse de Bordeaux vers Toulouse et Dax, le sénateur girondin Hervé Gillé a interpellé le ministre des Transports Clément Beaune
SUD-OUEST, 10 octobre Depuis que Jean Castex, alors à Matignon, a remis sur les rails les projets de lignes à grande vitesse (LGV), dont celui du Sud Ouest (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax), les adversaires de ce chantier assurent que l’Europe, attendue à hauteur de 20 % du financement, ne participera pas à ce qu’ils qualifient de « folie économique et écologique ». Or, la facture globale est évaluée à 14 milliards d’euros : 40 % pour l’État, 40 % pour les collectivités locales d’Occitanie et Nouvelle-Aquitaine et 20 % donc pour l’Europe, sachant que celle-ci conditionne son enveloppe à une liaison transfrontalière avec l’Espagne.
TGV Bordeaux-Paris : 20 000 places de plus chaque semaine à partir du 15 décembreFranck Dubourdieu, le directeur du TGV Atlantique, qui dessert l’ouest et le sud-ouest du pays, assure que l’offre SNCF n’a pas diminué depuis juillet 2017. Et annonce que le nombre de places va augmenter de 20 000 par semaine à compter du 15 décembre
En juin dernier, la Commission européenne a dit non au financement d’une étude environnementale liée aux aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse, d’une valeur de 17 millions d’euros, jugée non prioritaire. « Un premier signal » pour les opposants, parmi lesquels le sénateur PS de Gironde Hervé Gillé qui, ce 5 octobre, en commission aménagement du territoire et développement durable, a interrogé Clément Beaune, le ministre des Transports, sur ce financement européen.
Le dossier GPSO a été déposé parmi les nouveaux appels d’offres pouvant faire l’objet d’un financement. Que se passe-t-il si la réponse est non en raison de l’absence de liaison avec l’Espagne ? C’est une question qui se pose selon le sénateur, car cette branche ne semble pas prioritaire par rapport à la branche Bordeaux-Toulouse. La réponse du ministre est claire, l’État ne se substituera pas à l’Union européenne et il faudrait alors partager les 20 % restants avec les collectivités locales. Soit au bas mot 2,8 milliards d’euros.
« Un mur budgétaire »
Quand on se souvient la difficulté avec laquelle Alain Rousset a convaincu certaines intercommunalités ou certains départements, le défi semble improbable. En février dernier, la Nouvelle-Aquitaine a même dû faire l’avance de 225 millions d’euros pour compenser certaines défaillances et boucler le plan de financement.
Dans sa réponse au sénateur girondin, le ministre – qui évoque ses discussions avec Alain Rousset – se montre néanmoins optimiste sur les chances d’obtenir la subvention européenne. Hervé Gillé, pour sa part, est plus circonspect. « Il y a un mur budgétaire et l’État ne peut pas faire semblant de l’ignorer. » Pour lui, tout peut être remis à plat, malgré l’ordonnance signée par le président de la République, donnant naissance à la société de projet, en charge de financer le GPSO.
Le projet de LGV au sud de Bordeaux est « une insulte écologique » selon les 500 manifestantsLes élus du Sud-Gironde ont organisé un rassemblement à Langon, contre le projet de lignes à grande vitesse (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax) ce samedi 1er octobre. Des associations issues de tout le Sud-Ouest ont rejoint le cortège
« Les études ont déjà 10, voire 15 ans. Nous ne sommes plus du tout dans le même contexte, ajoute le parlementaire. Il y a les moyens de rénover la ligne actuelle qui est l’une des plus vétustes de France et il faudra, de toute façon, le faire, pour supporter l’augmentation du trafic, liée notamment au RER métropolitain. »
Hervé Gillé s’est par ailleurs étonné que, contrairement à la promesse de l’ancien ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, l’avis du Conseil d’État sur le plan de financement du GPSO, n’ait pas été rendu public. Clément Beaune a répondu qu’il n’y voyait pas d’objection.