Pour Stéphane Foucart, qui lui a consacré un essai, le glyphosate est la pierre angulaire d’une agro-industrie destructrice. « Tout un choix de société en découle, qui façonne nos paysages et détermine notre lien à la terre. »

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Pour combien de temps, à quelles conditions sera réautorisé le glyphosate ? Les États européens vont en discuter vendredi 22 septembre. La Commission européenne vient de leur proposer de resigner pour dix ans. Une proposition que la France serait tentée d’accepter, mais qui divise en Europe. Un vote définitif devrait avoir lieu le 13 octobre.

Ce processus réglementaire et politique ne se base pas sur la science, estime auprès de Reporterre Stéphane Foucart, journaliste scientifique au quotidien Le Monde. Il est l’auteur d’un court essai publié aux éditions du Seuil en juin dernier : Un mauvais usage du monde. Il revient sur les multiples manières dont la recherche scientifique sur les effets de ce pesticide a été entravée voire manipulée au nom d’intérêts économiques puissants — comme il l’avait déjà révélé avec l’enquête sur les « Monsanto papers ».

Surtout, il souligne dans cet ouvrage que l’enjeu véritable n’est pas de statuer sur la toxicité du glyphosate : cette molécule mériterait plutôt un vrai débat démocratique sur la manière dont nous voulons habiter nos territoires. Elle est en effet la pierre angulaire d’une agro-industrie qui ambitionne de généraliser l’usage des OGM, de concentrer et intensifier encore davantage l’usage des terres au détriment des paysans et du vivant.

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