FRANCE BLEUE GIRONDE : Alors que le débat public s’ouvre cette semaine autour du projet Horizeo, une centrale photovoltaïque de 1000 hectares à Saucats, porté par Engie et Neoen, France Bleu Gironde vous décrypte les tenants et aboutissants de cette procédure.
La région Nouvelle-Aquitaine a-t-elle vraiment besoin de 1000 hectares de panneaux solaires ? Comment faire entendre votre voix sur le sujet ? Le débat public autour d’Horizeo, le projet de méga-centre photovoltaïque situé à Saucats, à une vingtaine de kilomètres au sud de Bordeaux à vol d’oiseau, débute ce jeudi 9 septembre par une première réunion publique.
France Bleu Gironde vous décrypte le projet en cinq questions (et une infographie en fin d’article pour résumer le tout).
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Qu’est-ce que le projet Horizeo, exactement ?
Il s’agit d’une centrale photovoltaïque, de 1000 hectares de panneaux solaires. Cela correspond à la surface rectangle d’un kilomètre sur 10, ou près de 1200 terrains de football. L’électricité produite, 1 GigaWatt, couvrirait un tiers du besoin en énergie des entreprises de Gironde. Le projet est porté par les producteurs d’énergie privés Engie et Neoen, et par RTE, l’entreprise publique d’acheminement de l’électricité. La Banque des territoires, filiale de la caisse des dépôts, s’y est associée.
À côté de la production d’électricité, il y aurait :
- des batteries de stockage de cette énergie, car il ne fait pas beau tout le temps,
- un centre de données (un data-center) occupant 2,5 hectares,
- un électrolyseur qui pourrait alimenter en hydrogène vert une quarantaine de bus environ
- 10 à 25 hectares de production agricole sous les panneaux photovoltaïques, pour alimenter notamment en fruits et légumes les restaurants scolaires de la ville de Saucats.
Le tout coûterait 1 milliards d’euros, financé par les porteurs du projet.À lire aussi Parc photovoltaïque à Saucats : « Que le projet se fasse ou pas, les parcelles de bois seront coupées »
Pourquoi à Saucats ?
Le poste de transformation de RTE se trouve déjà à Saucats. L’installation est directement reliée au réseau électrique national et positionné sur la ligne à Très Haute Tension qui lie la France à l’Espagne. Le poste est capable d’injecter de grandes quantités d’électricité dans le réseau, plus d’1 GigaWatt. A 3,5 kilomètres, se trouve un terrain de 2000 hectares, qui appartient à un groupement forestier. Pour l’instant, il est utilisé pour la sylviculture intensive (la production de pins maritimes), la chasse et le tir à longue distance.
La Nouvelle-Aquitaine a-t-elle besoin de cette électricité ?
La Nouvelle-Aquitaine est déjà la première région photovoltaïque de France, avec ses 300 hectares de panneaux solaires à Cestas exploités par Neoen. Cette installation produit 300 MW, soit un tiers d’une tranche d’une centrale nucléaire, ou un parc de 150 éoliennes. Mais l’ambition de la région est de multiplier par 2,5 la production d’électricité photovoltaïque sur son territoire d’ici 2030. L’électricité produite à Saucats serait vendue aux industriels, et éventuellement à des collectivités ou des particuliers. Bon à savoir : la Nouvelle-Aquitaine exporte déjà une grande partie de son électricité.
Le projet fait-il consensus ?
Le président de la région, le socialiste Alain Rousset, soutient la filière photovoltaïque, et plus précisément le projet. Ce n’est pas le cas d’autres conseillers régionaux, comme notamment Edwige Diaz, du Rassemblement national qui y voit un simple positionnement anti-nucléaire. En janvier dernier, l’élu écologiste Nicolas Thierry disait sur France Bleu Gironde : « Là c’est l’exemple même du projet qu’il ne faut pas faire. […] Raser 1.000 hectares de forêt, c’est une aberration. »
Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic y est lui aussi « particulièrement hostile », selon une de ses porte-paroles. La Sepenso, association de défense de l’environnement, dénonce depuis son annonce un « projet de la démesure ».
Une pétition intitulée « Non à la déforestation de 1000 hectares de pins pour un parc solaire » a été lancée à l’annonce du projet, et a recueilli plus de 18.000 signatures en 8 mois.
Un débat, pour quoi faire ?
Cette procédure de débat public qui va durer du 9 septembre au 9 janvier 2022, est obligatoire pour un projet de cette ampleur. Mais ce débat devrait compter dans la décision finale. En effet, la commission particulière du débat public doit recenser, dans un rapport, rendu en mars 2022, l’ensemble des arguments et des positions exprimées au cours du débat. Les maître d’ouvrage, Engie et Neoen, auront ensuite trois mois pour dire s’ils poursuivent leur projet, et dans quelle mesure ils intègrent les positions exprimées.
Il faudrait ensuite qu’ils obtiennent des autorisations de l’Etat et des collectivités territoriales, qui devront également tenir compte des observations formulées lors du débat.
Comment participer ? 32 rendez-vous sont organisés, dont six réunions publiques :
- Jeudi 9 septembre : Réunion d’ouverture, Bordeaux – Palais des congrès, 18h30-21h30 – Je m’inscris
- Mardi 21 septembre : Saucats – Complexe sportif et culturel La Ruche, 19h-21h30 – Je m’inscris
- Jeudi 14 octobre : Pessac – Salle Bellegrave, 18h30-21h30 – Je m’inscris
- Lundi 15 novembre : Léognan – Salle du foyer, 19h-21h30 – Je m’inscris
- Jeudi 18 novembre : La Brède – Salle des fêtes Montesquieu, 19h-21h30 – Je m’inscris
- Mardi 14 décembre : Mérignac – Le Pin Galant, 18h30-21h30 – Je m’inscris
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