Le futur surf park de Canéjan en Gironde continue de faire parler de lui. Ardemment combattu par la mouvance écologiste, le projet vient de prendre un autre coup dans l’aile. La Fédération française de surf (FFS), dont le soutien jusqu’ici indéfectible donnait de la crédibilité au projet, vient de se retirer.
« Nous sommes dans l’incapacité malgré les annonces initiales à date de soutenir le projet de Canéjan », a annoncé le président de la FFS Jacques Lajuncomme, début février 2024.
Le projet
S’il aboutit, le surf park deviendra le premier de France à aboutir et s’installera dans une commune d’à peine 6 000 habitants aux portes de Bordeaux. L’idée est d’installer deux bassins à vagues artificielles de 160 et 100 mètres de long et d’une capacité de 20 000 m3 d’eau.
« La superficie cumulée des deux bassins serait équivalente à la place de la Bourse à Bordeaux », s’insurge le collectif Canéjan en transition. Les associations environnementales dénoncent un potentiel « désastre écologique » causé par un gaspillage d’eau considérable et une consommation d’électricité « indécente ». Nicolas Padois, cofondateur de l’Académie de la glisse, s’était voulu rassurant lors d’un entretien avec actu Bordeaux.
Il avait expliqué qu’un système de récupération d’eau serait mis en place sur les trois hectares de toit, couvrant la consommation d’eau liée à l’utilisation des bassins. Pour les vidanges, un système de filtration serait installé et côté électricité, un hectare de panneaux solaires couvrirait les besoins du surf park.
Mais cela n’a pas suffi à rassurer la Fédération française de surf, soutien majeur du projet.
Le respect des normes
Au départ, la FFS voyait l’idée du surf park d’un bon oeil : il ouvrirait la pratique du surf à des publics plus éloignés de ce sport et permettrait la préparation des sportifs de haut niveau. Mais la fédération avait posé deux critères que devait remplir l’équipement sportif pour conserver son soutien.Vidéos : en ce moment sur Actu
D’abord, l’application de la récente norme expérimentale française AFNOR qui concerne les « installations de vagues pour le surf ». Elle spécifie « les exigences minimales » pour assurer la sureté de l’installation des vagues artificielles… Et « elle n’est pas appliquée par le projet de surf park girondin », explique Rémy Petit, membre de Canéjan en transition.
Il précise : « Cette norme comprend un classement en « baignade artificielle » de la structure, qui correspond mieux à son activité vu que les surfeurs sont dans l’eau 50% du temps, mais elle vient avec des contraintes en consommation d’eau et d’énergie. Les fondateurs du projet ont cherché à éviter ces contraintes en le faisant classer comme activité nautique. » Premier hic, donc.
Absence de transparence et chiffres trop éloignés
Ajouté à cela, la FFS demandait une transparence totale du projet sur la consommation prévisionnelle en eau afin d’établir l’impact environnemental réel du surf park.
Mais selon la Fédération, « aujourd’hui les chiffres annoncés par les promoteurs et par leurs opposants sont très éloignés et des compteurs ne sont pas installés sur les parks de même nature en fonctionnement ».
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Cela ne permet pas à la FFS « de se faire une opinion sur la réalité de la consommation d’eau prévisionnelle de l’Académie de la Glisse de Canéjan ». Elle se retrouve donc « dans l’incapacité » de soutenir le projet à ce jour. Même si à la Fédération européenne de surf, le message est tout autre.
Quelques semaines avant le revirement de la FFS, son président Jean-Luc Arrasus est en effet apparu dans une vidéo publiée directement sur le compte Instagram du surf park, où il soutient clairement le projet.https://cdn.logora.com/embed.html?shortname=actu-867591&id=13980&resource=group