L’observatoire créé par le PETR du cœur Entre-deux-Mers aide les communes à répertorier et à protéger leurs terres.

[PETR du cœur Entre-deux-Mers (Gironde), 5 EPCI, 100 600 hab.]

L’équivalent de 28 terrains de football. C’est la surface agricole artificialisée entre 2009 et 2020 sur le territoire du PETR du cœur Entre-deux-Mers. Soit environ 825 hectares, pour une SAU de 36 416 hectares à l’heure actuelle.

Afin d’enrayer ce phéno­mène, le pôle, engagé depuis 2015 dans un projet alimentaire territorial, a créé en 2018 un observatoire du foncier­ agricole. Celui-ci s’adresse avant tout aux 90 communes : 30 ont signé une convention afin d’être accompagnées gratuitement dans le repérage, la gestion et la protection de leurs terres agricoles.

Age des propriétaires

Un premier travail cartographique, complété par des recherches sur le terrain, consiste à répertorier les parcelles agricoles de la commune, qu’elles soient exploitées en prairie ou en friche. « L’objectif est de savoir ce qu’il s’y fait, dans quel état elles sont et à qui elles appartiennent, détaille Lucille­ ­Ferron, la chargée de mission de l’observatoire. Nous sommes très attentifs à l’âge des propriétaires pour repérer s’ils sont ou seront bientôt en transmission­. »

D’après le dernier recensement agricole de 2020, un quart des exploitants agricoles du territoire sont âgés de plus de 60 ans.

Ensuite, ce portrait agricole est présenté à un « groupe foncier communal » composé de cinq à six personnes, principalement des élus et des agriculteurs dont la mission est de confirmer la véracité des données collectées.

« Puis nous passons à une phase d’enquête auprès des propriétaires et des agriculteurs, en privilégiant ceux qui ont plus de 55 ans, poursuit Lucille Ferron. Nous cherchons à savoir s’ils ont déjà réfléchi à leur transmission, s’ils seraient prêts à accueillir un nouvel exploitant ou à développer d’autres productions. » La vigne occupant 61 % de sa SAU, le PETR cherche à étendre la production alimentaire.

Quatre ans après sa création, l’observatoire a toutefois produit « peu de résultats concrets », juge Frédéric­ ­Maulun, l’élu référent du dispositif au sein du PETR. Lui-même viticulteur, il observe que « le foncier est un sujet délicat parce qu’il fait appel à l’affect et à l’histoire des propriétaires et des agriculteurs ». En outre, les terres disponibles ne correspondent pas toujours aux projets d’activité des candidats à l’installation.

Base de données

Sept transmissions ont eu lieu jusqu’à présent. A mettre en regard des 30 projets d’installation et des 22 projets de vente répertoriés dans la base de données que l’observatoire alimente en partenariat avec la chambre d’agriculture de la Gironde et la Safer de Nouvelle-Aquitaine.

Mais, grâce à cette initiative, les enjeux agricoles sont mieux pris en compte par certaines communes lors de la révision de leur PLU. Accompagnées par l’observatoire, elles ne considèrent plus « la zone agricole comme la réserve de la zone à urbaniser ». «Nous remettons les enjeux agricoles au centre de leurs préoccupations », se félicite ­Frédéric Maulun­­.

Contact : Lucille Ferron, chargée de mission « foncier agricole », foncier@coeurentre2mers.com

« Nous avons compris les enjeux au moment de la révision du PLU »

Céline Bagolle, adjointe, déléguée à la démocratie impliquante et à l’alimentation à la maire de Saint-Loubès (10 000 hab.).

« Saint-Loubès a signé la convention sur le foncier agricole avec l’observatoire du foncier agricole de l’EPTR du cœur Entre-deux-Mers début 2021. L’accompa­gnement proposé nous a permis de bien comprendre les enjeux liés à ce foncier au moment de la révision de notre PLU.

Grâce au diagnostic, nous savons maintenant que la commune dispose de 945 hectares de surface agricole utile, dont 61 % sont exploités en viticulture, et nous avons identifié 48 exploitants en activité. Nous avons rencontré quatre propriétaires approchant de la retraite ou dont une partie des terres ne sont pas exploitées, mais ils ne souhaitent pas envisager leur transmission ou accueillir de nouveaux agriculteurs pour le moment. »

Préserver et diversifier les terres agricoles, un travail de fourmi