De nombreuses collectivités ont déjà bien avancé sur leurs projets de RER métropolitains. L’annonce du président de la République sur le lancement de dix projets les incite à demander de nouveaux financements, alors qu’un rapport sera bientôt remis au gouvernement pour l’appeler à revoir à la hausse ses ambitions.
Emmanuel Macron a fait le buzz sans s’en rendre compte, en évoquant son souhait de voir se développer des RER métropolitains dans dix métropoles françaises. Certes, le président de la République a fait cette déclaration dans une vidéo à vocation virale, publiée le 27 novembre, mais elle était cachée au beau milieu d’une série de réponses à des questions d’internautes sur l’écologie.
Un vieux sujet, plus que jamais d’actualité
La création de RER métropolitains est tout sauf une nouveauté. L’idée est en effet de répliquer le modèle du RER développé dans les années 1960 en Ile-de-France pour faciliter les déplacements, grâce un réseau dense à cadence élevé. Cela implique des investissements massifs pour résorber les « nœuds ferroviaires », c’est-à-dire de permettre aux trains de ne plus avoir pour terminus la gare centrale, de pouvoir ainsi la traverser et augmenter le cadencement des trains.
En mai 2019, le gouvernement avaient déjà annoncé la construction d’un schéma directeur national des RER métropolitains ; un plan d’ensemble a également été présenté par SNCF Réseau au gouvernement fin 2020. Et le sujet a été évoqué dans loi d’orientation sur les mobilités du 24 décembre 2019.
Les collectivités déjà mobilisés
Les collectivités territoriales (principalement les métropoles et les régions) planchent sur ce dossier depuis de nombreuses d’années, avec SNCF réseau et l’Etat. A Strasbourg, le projet de « Reme » doit être présenté le 11 décembre ; il proposera 800 trains supplémentaires chaque semaine, selon Alain Jund (EELV), adjoint au maire de Strasbourg, chargé de l’urbanisme, et vice-président de l’eurométropole, chargé de la transition énergétique. Ce dernier explique sur Twitter que le coût de fonctionnement va être pris en charge conjointement par la région et la métropole à hauteur de 15 millions d’euros annuels. « L’aide de l’Etat sera naturellement bienvenue », pointe-t-il.
A Bordeaux, le chantier est également bien avancé. Il sera composé de TER métropolitains et de lignes de cars express, l’objectif initial (lire notre article datant de 2019 ) étant de mettre en œuvre un réseau ferroviaire renforcé et diamétral sur l’aire urbaine bordelaise à l’horizon 2028, avec une enveloppe alors estimée à 2,6 milliards sur dix ans (dont la moitié apportée par l’Etat). Une concertation a eu lieu du 20 septembre au 25 novembre 2022.
Ce projet bordelais s’intègre plus largement dans le GPSO. « Ce nouveau chantier offrira des gains de temps considérables pour les usagers, de nouvelles capacités ferroviaires pour les TER par la mise en œuvre d’un véritable RER métropolitain et permettra la création de nouvelles lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. A terme, ce projet permettra le désengorgement des villes grâce à un report modal important et le développement économique des régions », expliquait, l’an dernier, Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe SNCF.
A Lille, Emmanuel Macron aurait promis que « l’Etat financerait la création d’un futur RER entre le bassin minier et la métropole lilloise, dans les mêmes proportions qu’il a financé le Grand Paris, soit environ 35% », explique un article de France Bleu qui souligne aussi que « ces trains ne rouleront pas avant 2035-2040 ».
L’occasion d’impliquer plus encore l’Etat dans le tour de table
Cette intervention du président de la République offre l’occasion aux élus locaux de demander une plus forte participation financière de l’Etat. Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes métropole, n’a pas raté cette occasion : « Le président de la République, Emmanuel Macron, annonce son soutien au RER de l’aire grenobloise. C’est une excellente nouvelle. Nous en avions parlé ensemble lors de sa visite à Crolles en juillet dernier. Il n’y a désormais plus de temps à perdre pour ce projet majeur en faveur du climat, de la qualité de l’air, de l’attractivité et de l’aménagement du territoire. Grenoble-Alpes métropole est prête », souligne-t-il.
Même stratégie pour Alain Anziani, président de Bordeaux métropole, qui a rappelé que, si « Bordeaux métropole n’a pas attendu pour donner une réalité au RER métropolitain », l’annonce d’Emmanuel Macron était la « bienvenue ». « Le nombre de trains a déjà été augmenté,mais des progrès restent à faire et nécessitent de lourds investissements, notamment pour l’aménagement des gares. L’Etat et la région Nouvelle-Aquitaine sont impliqués financièrement. L’enveloppe globale pèse près d’un milliard d’euros avec des surcoûts déjà identifiés. Nous pouvons espérer que l’annonce d’Emmanuel Macron (…) permettra un soutien financier supplémentaire. Il est également nécessaire que la SNCF ait les moyens d’agir pour les études et les travaux, avec rapidité et agilité. »
Un rapport imminent du COI
Le choix d’Emmanuel Macron de communiquer sur le sujet est sans doute lié à la remise imminente (en décembre) au gouvernement du rapport du COI. Sans surprise, il va conclure « qu’il y aura des investissements supplémentaires à faire dans les infrastructures ferroviaires [sur la période 2025-2032, ndlr] », a d’ailleurs indiqué Clément Beaune, ministre des Transports, lors d’un débat organisé au congrès des maires le 22 novembre. « Notre priorité doit aller au ferroviaire », a-t-il précisé, en rappelant que « le ferroviaire est la colonne vertébrale de notre transition énergétique ». Il a aussi souligné « l’état vieillissant » du réseau français et le fait que le changement climatique le fragilisait encore plus.
Dans sa lettre de cadrage, le COI devait intégrer un cadre financier contraint avec un maximum de 17,5 milliards d’euros sur cinq ans, indique son président, David Valence, au journal « Le Monde ». Un chiffre qu’il faudra donc revoir. « Pour faire ces RER dans dix agglomérations, il faut plus de 30 milliards d’euros sur les cinq prochaines années, c’est le double de ce qui est prévu », pointe le président (LR) du conseil départemental de l’Essonne, François Durovray, qui est aussi membre du COI.
Ah, avant de conclure, un détail le Conseil Départemental privilégie l’expression RER Girondin. Vous comprendrez aisément pourquoi en regardant la carte du projet.