Le Blayais vient d’être inscrit dans la liste des sites étudiés par EDF pour l’implantation de réacteurs nucléaires de type EPR2
Jeudi 9 février, suite au lobbying du Président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset et d’un collectif composé d’élu·e·s du Blayais et d’anciens salariés de la filière nucléaire, EDF a annoncé sa décision d’inscrire le site de la centrale nucléaire du Blayais dans la liste des sites potentiels d’implantation de futurs réacteurs EPR2.
Avant de se poser la question d’un nouvel équipement, les écologistes rappellent qu’il convient de s’interroger d’abord sur le devenir de celui qui existe déjà. La durée de fonctionnement des 4 réacteurs existants à Braud-et-Saint-Louis « pourrait être prolongée au-delà des 60 ans, peut-être même à 80 ans » nous dit le collectif. Pourtant, ils sont bien promis à une fermeture à moyenne échéance puisque prévus initialement pour fonctionner sur une durée maximale de 40 ans. Il faudra probablement plusieurs milliards d’euros pour en prolonger la possibilité de fonctionner dans des conditions de sécurité satisfaisantes.
L’urgence est donc de savoir comment les réacteurs existants vont être démantelés et quels sont les moyens financiers dont le territoire va disposer pour le faire.
On peut estimer le coût du démontage (qui est inéluctable quelque soit l’échéance de fermeture) de chacun des réacteurs à plusieurs milliards d’euros, la main d’œuvre mobilisée à plusieurs centaines d’emplois et que les travaux de remise en état du site dureront plusieurs dizaines d’années.
Prolongation, démontage et installation en parallèle d’un nouvel équipement, nécessiteraient probablement plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissements rendant ainsi le nucléaire la source d’énergie la plus coûteuse qui soit.
En privilégiant cette voie, ce sont les investissements dans les énergies renouvelables qui en feront probablement les frais.
Rappelons également que la région a déjà frôlé la catastrophe lors de la tempête Martin en 1999. Les vagues étaient passées au-dessus de la digue de la centrale du Blayais, alors même que celle-ci était, selon les préconisations de l’ASN, dimensionnée contre une surcote millénale et un coefficient de marée de 120. L’inondation avait endommagé le système de refroidissement et deux réacteurs avaient dû être arrêtés en urgence.
À l’heure du changement climatique, on ne peut que craindre que ces épisodes de submersion se multiplient dans un avenir proche et surtout que leur intensité s’accroisse. Les centrales situées en bord de fleuve ont aussi désormais besoin de dérogations pour le rejet de leurs eaux de refroidissement qui réchauffent et donc abîment les milieux naturels. Les étiages insuffisants liés aux étés caniculaires deviennent une norme et le refroidissement des coeurs des réacteurs devient une question majeure pour notre parc nucléaire. Considérer avec autant de légèreté les effets dus aux changements climatiques sur des équipements aussi sensibles est très inquiétant.
La volonté affichée d’installer un nouvel équipement nucléaire sur l’estuaire de la Gironde relève plus de l’inconscience que de la vision pour notre avenir énergétique. C’est d’ailleurs pour cette raison que Monique De Marco, sénatrice écologiste de la Gironde a fait adopter au mois de janvier un amendement interdisant la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en zones submersibles.
Selon la sénatrice, « la catastrophe du Blayais a démontré notre incapacité à anticiper les conséquences des événements météorologiques majeurs. D’autant que les modèles employés pour estimer ces risques comportent des failles, et que les conséquences du dérèglement climatique demeurent imprévisibles. » En effet, le trait de côte pourrait reculer de 479m en Gironde selon le GIEC, ce qui veut dire que la commune où se trouve la centrale du Blayais serait régulièrement sous les eaux.
Ainsi, l’adoption de cet amendement met un coup d’arrêt à un projet irresponsable : l’installation de nouveaux réacteurs nucléaires sur le site du Blayais mais également dans toute zone littorale à risque sur le territoire français.
Il serait pour le moins dangereux d’engager la région dans une aventure aussi hasardeuse alors que le développement des énergies renouvelables y souffre depuis toujours de sous-investissements chroniques. À ce jour, rappelons que l’Aquitaine ne compte toujours aucune éolienne dans son parc énergétique.
Cette proposition d’un EPR2 pour notre région est une énième fabulation autour d’une technologie qui n’est même pas encore fonctionnelle. Les coûts du seul EPR français après 10 ans de travaux, ont explosé, passant d’un projet initial à 3 milliards à un coût final probablement proche de 20 milliards d’euros.
Enfin ces nouveaux réacteurs, de l’aveu même de leurs promoteurs, seraient susceptibles d’entrer en service au mieux à l’horizon 2050, soit bien au-delà de l’urgence que nous impose le changement climatique.
EELV Gironde