« Ces derniers temps, j’ai vu plusieurs posts de militant.e.s de gauche qui annonçaient ne pas pouvoir soutenir Yannick Jadot qui manque selon eux et elles de projets en direction des quartiers et/ou des classes populaires. Si vous partagez ces ressentis, je vous invite à écouter cette émission qui résume très bien à mon avis l’enjeu de cette élection et du vote écologiste en général. Il s’agit d’une analyse sociologique d’une canicule de juillet 1995 à Chicago qui a fait 700 morts en 4 jours.

Devinez qui est mort ?

Pas les habitant.e.s qui ont de grandes maisons, une climatisation, ou qui étaient parti.e.s en vacances. Non : les personnes âgées, les pauvres, les isolé.e.s. Un peu les mêmes personnes pour lesquelles, en tant que vice-présidente d’un Centre communal d’action sociale, je redoute l’arrivée des factures de gaz au printemps, qui seront trop lourdes pour leur budget même si elles et ils ont passé l’hiver à 15°. Un peu les mêmes personnes qui subissent des problèmes de santé à tous âges du fait des saloperies contenues dans l’eau et l’alimentation. Un peu les mêmes personnes qui paient très cher de l’essence parce qu’il n’y a pas d’autre option que la voiture individuelle pour aller de chez eux et chez elles à leur travail, à leur lieu d’études, chez le médecin, etc. J’ai longtemps partagé ces préjugés sur l’écologie, mais le fait de participer aux campagnes de Noël Mamère depuis les législatives de 2002 puis de travailler avec lui puis Clément comme maires EELV et des collègues du même parti, et enfin le projet de Nicolas Thierry pour les régionales m’ont convaincue : les changements climatiques impactent d’abord et surtout les populations au service desquelles j’ai décidé de me mettre en m’engageant en politique, les pauvres, les précaires, les isolé.e.s.

Alors oui bien sûr, la socialiste que je suis toujours, peu importe la carte, aimerait que la partie purement sociale du projet de Yannick Jadot soient plus mise en avant, mais je suis confiante cela viendra dans les prochaines semaines. Mais à la limite, peu importe, parce que l’enjeu vital est environnemental, et aucune mesure de justice sociale, quelle que soit son ambition, ne pourra améliorer la vie des classes populaires si nous n’avons pas au pouvoir des personnes qui conjuguent la lutte pour limiter les dégradations ET l’adaptation de la société aux changements déjà présents et inéluctables. Il me semble en particulier proprement irresponsable de vouloir rejouer les Trente glorieuses et leurs idéaux consuméristes à base de viande et de voitures.

Si les gens crèvent littéralement de chaud dans leurs appartements mal isolés implantés au milieu d’îlots de chaleur, ou s’ils crèvent de froid parce que sans possibilité de se chauffer du fait des prix de l’énergie, pour ne citer qu’un seul sujet, le reste ne leur servira à rien.

Participons à cette campagne de Yannick Jadot, insufflons lui des idées nouvelles, nourrissons-là de nos expériences de terrain, ce que font déjà d’ailleurs les désormais nombreux élus locaux et élues locales écolos qui, contrairement à ce qu’on voit dans les médias ne s’occupent pas que de sapins et de foie gras, très loin de là, mais avant tout de logement social de qualité, d’accès à une alimentation de qualité, de mobilité, d’accès aux droits et aux services publics, de végétalisation et donc de température estivale des espaces publics, etc etc… »

Un texte d’Amelie Amélie Cohen-Langlais