Université d'été du <span class="caps">PS</span> : «<small class="fine d-inline"> </small>L’écologie, c’est bien de s’en occuper mais…<small class="fine d-inline"> </small>» »></p>



<p>Lucie Castets discourant sur la scène de l’université d’été du Parti socialiste, en compagnie de représentants des partis du NFP, le 30 août 2024. <em>– © SERGE TENANI / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP</em></p>



<p>REPORTERRE : À l’université d’été du Parti socialiste, l’écologie était loin d’être la priorité. Entre les débats autour du futur gouvernement et le difficile renouement avec l’électorat, les écosocialistes ont lutté pour parler du climat.</p>



<p>Blois (Loir-et-Cher), reportage</p>



<p><em>«<small> </small>Si vous vouliez parler d’écologie, ce n’est peut-être pas la bonne université d’été, si<small> </small>?<small> </small>»</em> <em>Reporterre</em> s’est plongé dans l’événement de pré-rentrée du Parti socialiste qui s’est tenu à Blois du 29 au 31 août, dans la magnifique Halle aux grains de la ville, où une militante nous tint ce discours. <a href=Le malaise politique actuel a occupé l’ensemble des esprits tout autant que la reconstruction du lien de confiance avec les électeurs depuis les succès engrangés lors des européennes et des législatives.

Dans un parti balloté par la séquence politique actuelle, où le secrétaire général doit faire face à plusieurs dissensions en interne, l’écologie n’était pas au cœur de l’actualité. « C’est normal qu’on soit un peu obnubilés par la nomination du PM, justifient en chœur deux jeunes militants venus de l’Yonne, il faut avoir la main pour passer des mesures et élaborer des politiques publiques ! »

« Nous avons besoin de retisser des liens avec les classes populaires »

Entre la toile de fond politique du moment, les récentes élections et la déferlante RN dans les campagnes, l’écologie fédère moyennement l’intérêt des sympathisants. « Avant de parler d’écologie, nous avons besoin de retisser des liens avec les classes populaires, de répondre aux inquiétudes sur le pouvoir d’achat par exemple », tente Martine, en se pourléchant les babines de son sandwich à la coriandre et au porc mariné.

Militante en Mayenne, elle s’étonne que le sujet soit placé au-dessus du quotidien : « C’est bien de s’en occuper, mais il ne faut pas demander d’effort à celles et ceux qui ont déjà du mal à boucler les fins de mois. »

Ligne de crête

Chez les socialistes à la sensibilité verte, la ligne de crête est toujours difficile à tenir : parler de limites planétaires sans prononcer les mots-obus tels que « renoncement » ou « décroissance ». L’eurodéputée Chloé Ridel voit pourtant dans les questions environnementales un terrain de choix pour combattre une extrême-droite en pleine puissance : « Nous faisons face à une offensive réactionnaire d’envergure et il faut désormais mener une vraie bataille culturelle pour rendre désirable le projet écologiste. L’extrême-droite récupère l’écologie pour en faire un repoussoir identitaire en disant “attention, les écolos veulent changer votre mode de vie, vous interdire le steak sur le barbecue et l’hameçon au bout de la canne à pêche” », prévient la porte-parole du parti socialiste en charge du débat d’idées. « Le ministère de l’Écologie vient de se faire égratigner son budget de plusieurs milliards… Avec la poursuite du macronisme, nous poursuivons l’inaction. » 

Car pour les écosocialistes, le lien entre le vote RN et la détestation de l’écologie est évident. « L’inaction écologique nourrit la montée de l’extrême-droite », scande Thomas Pellerin-Carlin, tout jeune eurodéputé issu des rangs de Place publique, spécialiste de la politique énergétique européenne et qui rappelle qu’en 1974, René Dumont avait à peu près « déjà tout dit ».

« Les changements climatiques vont ajouter à l’insécurité ambiante »

Pour l’ancien directeur du Centre Énergie de l’institut Jacques Delors, l’absence de l’État pendant les inondations ou les sécheresses vient alimenter le mécontentement général. Il a par exemple suivi de près la situation en Sicile cet été et constate que la sécheresse « constante depuis 2023 » a forcé les autorités à fermer les écoles, ce qui implique « des impacts dévastateurs dans toute la société »« Plus il fait chaud, plus il y a de violence, ainsi les changements climatiques vont ajouter à l’insécurité ambiante, intensifier les migrations… Le désarroi va grandir », dit-il.

Il prend son rôle très au sérieux à Bruxelles pour soutenir des politiques qui renforceraient les services publics de proximité. Et de citer l’exemple concret de la rénovation des écoles. « Ce sont des baisses concrètes de consommation d’énergie, une protection plus efficace des enfants contre les vagues de chaleur grâce à la végétalisation »

Une « écologie des inégalités »

« Les inégalités climatiques vont se superposer aux inégalités sociales… Nous devons adresser la question d’une écologie des inégalités, pour paraphraser Thomas Piketti, dit Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l’Assemblée, entre deux réunions d’état-major. Si l’on considère que le mur du changement climatique est la donnée que l’on ne bougera pas, alors, il faut se mettre autour d’une table pour construire une vraie ambition. » Certes, mais laquelle ? Entre une présidente de région comme Carole Delga qui défend mordicus le projet de l’A69 et une partie du PS convaincue qu’il n’y aura pas de décarbonation sans nucléarisation, le logiciel écolo des socialistes turbine à la croissance verte.

Les écosocialistes veulent croire à un monde qui composerait entre gestion durable des ressources, plein emploi, réindustrialisation — mais verte, évidemment — et une planète qui recouvrerait ses équilibres. Mais surtout, les militants intéressés par la question écologique n’ont de cesse de chercher le Graal : la méthode et les mots pour rallier les classes populaires aux enjeux environnementaux et les faire adhérer à des décisions parfois jugées comme punitives.

Parmi eux, Sylvain Lassonde, adjoint au maire de Sarcelles, chargé du cadre de vie, de la qualité de vie et de la ville durable — et par ailleurs climatologue, responsable de la finance durable dans le cabinet de conseil Deloitte — se demande bien où sont les « récits qui réenchanteraient le monde qui reste possible plutôt que de faire peur en parlant de ce qui va manquer ».

Seul salut, le NFP ?

Nicolas, ancien encarté, est venu à Blois pour renouer avec ses premières amours politiques. Si le socialisme municipal a les mains dans le cambouis de l’écologie, de la rénovation thermique des bâtiments, de la lutte contre les îlots de chaleur, cela ne transparaît pas auprès de la direction d’un parti désuni face au paysage politique du moment.

Devant des brochettes de poulet épicées, il conclut : « Le PS a vraiment raté le coche du volet social de l’écologie et ce n’est désormais plus à lui d’aller dans le couloir de nage des autres formations comme Les Verts et LFI pour en parler. » Ça tombe bien, ce n’est pas au programme.

D’autant que l’ensemble de la formation du Nouveau Front populaire était au complet vendredi et que Marine Tondelier et sa désormais célèbre veste verte ont fait le job : « L’écologie, c’est plus belle la vie ! Nous devons mieux donner à voir ce qu’elle change dans la vie des gens : les îlots de fraîcheur, les milliards de repas bio dans les cantines, les pistes cyclables, la nature en ville… Quand on parle d’ISF [impôt sur la fortune] climatique, nous ne sommes pas crédibles et quand c’est le rapport Pisani-Ferry qui en parle, c’est tout de suite plus crédible. Il y a une présomption de non-crédibilité à notre égard qu’il faut combattre. » Assez pour replanter la graine verte chez le parti à la rose ?

Université d’été du PS : «L’écologie, c’est bien de s’en occuper mais…»

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