Muttersholtz, dans le Bas-Rhin, fait figure d’exemple en matière d’écologie, sous l’impulsion de son maire, qui multiplie les projets pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité : autonomie énergétique, mobilité douce, lutte contre l’artificialisation des sols ..etc.

Même s’il a quitté le parti Les Ecologistes, ex EELV, pour désaccords stratégiques, le maire du village de 2.000 habitants, Patrick Barbier, se revendique profondément écologiste, il se dit aussi grand admirateur des allemands voisins dont il s’inspire en permanence.

En 2008, lors de son premier mandat, il a eu l’idée de relancer la microcentrale électrique de Muttersholtz abandonnée depuis 1962. Deux turbines sont désormais immergées dans l’Ill, cette rivière emblématique qui traverse l’Alsace du Nord au Sud, deux grosses vis vertes qui tournent à la force du courant et de la chute de l’eau. « C’est de la micro hydroélectricité qui nous permet d’autoproduire l’électricité de l’administration communale », explique le maire Patrick Barbier, comme « la mairie, les écoles, les églises, la salle de sport etc. Toute l’électricité est largement couverte par les turbines et bien sûr on a même du surplus ».

Le maire de Muttersholtz, Patrick Barbier, dans la microcentrale électrique du village qu'il a relancée en 2008
Le maire de Muttersholtz, Patrick Barbier, dans la microcentrale électrique du village qu’il a relancée en 2008 © Radio France – Claire Flochel

Et ce surplus est revendu à un fournisseur d’électricité, ce qui rapporte en moyenne à la commune 60.000 euros par an. Pas anodin à l’échelle d’une petite ville comme Muttersholtz. Avec cet argent, Patrick Barbier investit, cette année par exemple, pour la sécurité des enfants : « On a des passages de mobilité douce dans tout le village que les enfants empruntent, dans lesquels ils ne croisent pas de voitures. Là, ils sont en complète sécurité, mais forcement à quelques endroits ils traversent les routes départementales, c’est là qu’il y a des risques. Et donc, là, on a mis un plateau qui fait qu’on est surs que si jamais il y a une collision, la voiture roulera vraiment au pas. Et le devis du plateau effectivement est à 60. 000 euros », expose le maire.

L’école : à vélo, en trottinette ou à pied

Ces passages de mobilité douce, dont parle Patrick Barbier, ont été imaginés par la mairie qui a créé un centre complètement piéton. L’effet est vertueux car pratiquement tous les enfants se rendent à l’école à pieds, à vélo ou en trottinette.

A la sortie de l’école primaire, il n’y a en effet pas une voiture à l’horizon, petits et grand sont à vélos, comme Amandine, mère de deux enfants : « On vient à vélo le matin, on rentre de l’école à vélo aussi. C’est très rare qu’on utilise la voiture. C’est vrai que c’est beaucoup plus écologique et ça nous fait du bien. La voiture c’est juste pour les courses ou aller au travail. Tous les déplacements dans le village on les fait à pieds ou à vélo. C’est vrai que depuis qu’il y a l’accès piéton c’est agréable. Il y a même des embouteillages… de vélos le matin ! », plaisante-t-elle

Même chose pour Stéphanie et ses filles, toujours à pied, essentiel pour cette maman : « Vous prenez votre temps avec vos enfants et puis vous voyez en même temps la nature : les animaux, les buses qui viennent se nicher, les cigognes. Il faut effectivement préserver l’environnement dans lequel on vit », estime Stéphanie.

Les vélos et trottinettes en grand nombre dans la cour de l'école de Muttersholtz
Les vélos et trottinettes en grand nombre dans la cour de l’école de Muttersholtz © Radio France – Claire Flochel

Des projets qui inspirent les villages voisins

A Muttersholtz, tous les bâtiments publics ont aussi connu une rénovation énergétique, dans la cour de l’école, des arbres ont été plantés pour apporter de l’ombre aux classes en été, les terres agricoles sont désormais attribuées en priorité aux agriculteurs en bio.

Sans opposant face à lui lors des deux dernières élections municipales, le maire, Patrick Barbier, inspire plutôt les communes alentours. Nicolas Simler est l’adjoint au maire sans étiquette du village voisin de Wittisheim, il estime en effet qu’il y a une vraie dynamique dans le secteur sous l’impulsion de Muttersholtz : « On essaie de réfléchir à l’écologie et à l’impact environnemental sur toutes nos actions communales : ça va de l’infiltration par exemple des eaux pluviales dans tous les nouveaux travaux qu’on a fait dans la commune. On a aussi des projets pour la biodiversité : des plantations de haies, des plantations de vergers. En tant que collectivité, même petite collectivité c’est indispensable de réagir ». Car en matière de transition écologique la taille ne compte pas. Muttersholtz a même été élue capitale française de la biodiversité une année. Première fois qu’une commune aussi petite obtenait cette distinction nationale !

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-du-mardi-14-mai-2024-5237007?at_campaign=rf_environnement&at_medium=newsletter&at_chaine=radio_france

Véritable petit paradis vert